Alors que le coût provisoire atteint 14,5 M€, l’opposition de gauche tire la sonnette d’alarme et demande que des limites soient fixées. La Ville, par l’intermédiaire de l’adjoint Vincent Sabatier, continue de défendre un projet dont la note finale n’est pas encore connue.
“Vous le savez, quand vous faites des travaux, quelle va être la facture finale ? C’est à la fin qu’on voit la facture, comme dans tout.” Lundi dernier, en conseil, Vincent Sabatier a dû répondre de sa sortie médiatique diffusée mi-mars sur M6, dans le magazine Capital. Une phrase hasardeuse qui n’a échappé à personne à Sète. “Vous avez acquis une petite célébrité, la Ville aussi, pas forcément à notre avantage”, lui a fait remarquer, en séance, Véronique Calueba, pour l’opposition.
“Vous nous dites qu’on pourra payer. Mais on pourra payer jusqu’à quand ?”
Le sujet de fond, c’est évidemment le montant des travaux du parking Aristide-Briand. Un épineux dossier venu animer, à nouveau, les débats. La question reste la même : “Où en sommes-nous financièrement sur ce parking ? À quelle hauteur nous arrivons ?”, a demandé Véronique Calueba, précisant que la note était passée de 9,5 à 14,5 M€. Une opportunité que l’adjoint aux travaux a saisie. “Les projets ont un devis initial et une finalité, avec à la fin une bonne ou une mauvaise surprise, a débuté Vincent Sabatier. Sur le parking, il y a les lignes prévisionnelles au départ de la DSP. Ensuite, il y a des marchés avec plusieurs lots. Sur ces lots, la facture finale n’est pas encore arrivée puisque le chantier n’est pas fini. Il y avait des lignes inscrites au Plan pluriannuel d’investissement (PPI) de la SPLBT qui devaient être autour des 10 M€.”
La place Victor-Hugo : “Une poêle à frire !”
Vincent Sabatier a défendu la politique d’investissement de la Ville en citant la place Victor-Hugo. “Quand on investit quelque part, le commerce fleurit, les enfants reviennent. Allez faire un tour sur le parvis Victor-Hugo. Avant, c’était de la boue, des nids-de-poule et des merdes de chien. Maintenant, ce sont des enfants qui jouent. Excusez-nous, ça coûte !” Face à quoi Véronique Calueba ne s’est pas démontée. “Si nous avions été aux affaires, nous aurions investi, mais différemment ! Allez sur cette place un mercredi midi quand il fait 30°C. Ce n’est plus une place, c’est une poêle à frire !” L’adjoint aux travaux a expliqué à l’élue que sur le sujet, la Ville n’était pas maître de tout. “On aurait pu faire un projet avec 200 arbres, ce ne serait pas passé devant l’ABF. Désolé ! La minéralité devait être conservée. Il fallait aussi faire rentrer le marché. Avec 80 arbres, ce n’était pas possible. Tout est une histoire de curseur.”
“Ensuite, poursuit Vincent Sabatier, l’“indice BTP” a été complètement modifié entre le moment où nous avons lancé les marchés et la réalisation des travaux. Personnellement, je ne connais pas le montant du devis initial. Mais sur la capacité de financement, aujourd’hui les parkings sont financés par le stationnement de surface, qui rapporte 1,8 M€/an. On verse 1,1 M€/an à la SPLBT. Le reste vient financer, entre autres, la gratuité des abonnements ou de certains transports. On a donc 700 000 € de marge sur notre capacité de financement.”
Un “tunnel” de sortie pour 1,5 M€ supplémentaire
Relancé, Vincent Sabatier a ensuite évoqué le projet de modification de l’entrée du parking, “imposé par l’ABF (Architecte des Bâtiments de France)”. D’où, aujourd’hui, “la création de l’amorce d’un futur “tunnel”, qui sortira si les prochains maires veulent le faire, car il n’est pas encore payé !” Cet accès, à terme, permettrait l’extension de la piétonnisation, du côté de la rue Barbusse et du boulevard Daniel-Casanova. “Effectivement, ça coûtera plus cher, puisqu’il y a une plus value sur le tunnel d’environ 1,5 M€.” S’il admet son incapacité “à dire combien ça coûtera à la fin”, l’adjoint aux travaux confirme l’addition portée aujourd’hui à 14,5 M€, “sans que ça coûte un centime de plus d’impôt aux Sétois”, nuance-t-il, en précisant, plus tard en séance, le montant initial de ces marchés publics : 13,3 M€.
“On ne pose pas du placo, madame Calueba”
Reste que cette utilisation de l’argent public questionne la gauche. “Vous nous dites qu’on pourra payer. Mais on pourra payer jusqu’à quand ? C’est quand même de l’argent public ! Il y a des limites”, l’a averti Véronique Calueba. Son partenaire Sébastien Denaja parlant de “dérapage”. “La finalité, on ne la connaît pas. Mais c’est normal ! On ne pose pas du placo, madame Calueba”, a asséné Vincent Sabatier, loin d’avoir satisfait la curiosité de l’opposition.
“Vous nous avez guignolisé et ridiculisé !”
À l’adresse de Vincent Sabatier au sujet de son intervention dans le magazine Capital, Sébastien Denaja n’a pas été tendre, lundi. “Vous nous avez guignolisé et ridiculisé !”, a notamment jugé l’élu socialiste. Cette attaque a permis à Vincent Sabatier de s’expliquer. L’adjoint a notamment précisé qu’il était en congés au moment de la diffusion du reportage, le 16 mars. “Je n’ai pas regardé, je n’avais pas non plus mon portable. Je crois que j’ai bien fait !”
La séquence diffusée visait à donner la parole à la municipalité sétoise sur sa gestion du chantier Briand. L’intervention de l’adjoint, particulièrement courte et maladroite, a suscité l’émoi.
“Sur les cinq heures” de tournage, M6 n’aurait conservé “que 30 secondes”, s’est défendu Vincent Sabatier. “Vous savez, c’est comme chez Ardisson, on ne prend que le morceau qui ridiculise les élus de la République ! Au montage, on ne prend pas les réponses, on ne prend que le morceau ridicule.”
L’adjoint a donc laissé entendre qu’il s’était fait “piéger” par M6, et a tenté de tourner la situation à son avantage en interpellant, à son tour, Sébastien Denaja. “Le pauvre non-bachelier que je suis n’est pas rompu à l’exercice national de la télévision, a plaidé l’adjoint. On aurait dû envoyer Sébastien Denaja, qui a passé cinq ans du mandat François Hollande sur BFM !”