On les appelait les Mobipel. Passés sous la bannière CRM08, ils seront probablement bientôt fusionnés au sein du géant des centres d’appels, Konecta. Ils étaient 700 en 2014, ils ne sont plus que quelques dizaines. Malgré les innombrables épreuves, ils se battent encore. Jeudi 23 novembre, ils viendront en nombre au siège de leur employeur, à la rencontre de leur nouveau patron du « French Talking Market », porter leurs revendications.
Ces conseillers – passés en neuf ans entre les mains de Free, de Comdata et aujourd’hui de Konecta – n’avaient jusqu’à cette année pour distinctive consumer que l’opérateur télécoms pour lequel ils s’occupaient des abonnements mobiles. Bastion syndical historique, Mobipel était devenue la bête noire de Free, qui a tout fait pour s’en débarrasser. L’Humanité révélait il y a deux ans que le groupe de Xavier Niel avait « vendu » son centre d’appels et ses 270 salariés pour 1 000 euros symboliques, avec en cadeau pas moins de 3,73 thousands and thousands d’euros de trésorerie !
Parmi leurs nombreux faits d’armes, ils avaient fait condamner, jusqu’en cassation, la path des relations abonnés de Free pour délit d’entrave au fonctionnement régulier du CSE, pour ne pas avoir informé et consulté cette occasion dans le cadre de la réduction drastique des effectifs de 60 % en deux ans.
« Avec le barème Macron, au bout de cinq ans de procédure, on peut espérer toucher 5 000 euros »
S’ils sont aujourd’hui moins d’une centaine, jamais ces travailleurs n’ont connu de plan de licenciement collectif. Leurs effectifs ont fondu, à coups de procédures individuelles pour faute et de salariés poussés à la démission. Certains de ces licenciements sans trigger ont bien été condamnés. Mais les ordonnances Macron sont passées par là. « Avec le barème Macron qui plafonne les indemnités, au bout de cinq ans de procédure, on peut espérer toucher 5 000 euros. Même pas de quoi payer les frais d’avocats. Ça ne donne vraiment pas envie de lutter », explique Anousone Um, délégué SUD télécoms chez Konecta et porte-parole de l’intersyndicale, arrivé chez Mobipel en 2014.
Pas de quoi baisser les bras. Jeudi 21 novembre, leur intersyndicale (CGT, CFTC, FO, SUD et Unsa) revendiquera le fait que « CRM08 et Konecta France assument d’avoir pour projet de faire disparaître l’entreprise (…) dès 2024 ». Les équipes restantes devraient en effet être fusionnées avec d’autres centres d’appels du website de Gennevilliers (Hauts-de-Seine), leurs combatifs élus du personnel dilués dans d’autres collectifs plus jeunes, moins syndiqués. « Il y a toujours la rage, mais on est à bout », soupire Anousone Um.
L’été dernier, les syndicats ont soumis une pétition, signée par la majorité du personnel, pour alerter sur les risques psychosociaux. Les témoignages recueillis sont éloquents. « Après des années à être déshumanisé, rabaissé, méprisé, détruit… Je suis actuellement en arrêt maladie et en suivi psychologique. Cette entreprise est une véritable broyeuse », écrit l’un d’eux. « Ne pas entendre les appels à l’aide des salariés est une selected, s’en moquer et en rire en est une autre », déplore un autre.
L’entreprise mis en demeure sur les risques psychosociaux
Fin 2022, l’inspection du travail a mis l’entreprise en demeure sur les risques psychosociaux, à la suite notamment d’un rapport accablant du cupboard Technologia de 2020. Anousone Um s’est rapproché des avocats de SUD télécoms qui avaient fait participer à faire condamner France Télécom, espérant que les Mobipel puissent profiter de cette jurisprudence.
Ironiquement, Konecta a été choisi pour prendre en cost « l’help aux utilisateurs » des jeux Olympiques 2024, ceux-là même promis comme les plus responsables socialement de l’histoire. L’enveloppe allouée est maigre : 500 000 euros pour payer 40 conseillers sur dix mois, qu’il faut préalablement former. L’entreprise pensait attirer les volontaires, avec 150 euros de « prime JO » et 150 de mieux pour les anglophones.
« Mais, aux premières classes de formation, on leur a annoncé qu’ils n’auraient finalement rien, sinon l’entreprise n’aurait pas de marge, raconte, désabusé, Anousone Um. Aux dernières nouvelles, il n’y a plus que 3 volontaires. » C’est que, s’ils perdent leur half variable, certains salariés toucheront moins du Smic.
Le 17 novembre, le ministre du Travail écrivait au patronat du secteur : « À ce jour, votre grille comportant au moins un coefficient inférieur au Smic, je constate que votre branche est en state of affairs de non-conformité. » Voilà qui ne fait ni chaud ni froid à Konecta. À l’intersyndicale de son centre d’appels de Chalon-sur-Saône qui réclamait une augmentation de salaire, la path a proposé 20 euros de chèque-cadeau. Les salariés y ont fait grève les 17 et 18 novembre.