L’extrême droite est un pieu. En 1968, le chanteur catalan Lluís Llach le disait en chanson dans l’Estaca, célèbre chant de résistance au régime de Franco. « Si nous ne pouvons nous en défaire, plus jamais nous ne pourrons avancer », avertissait-il, sept ans avant la mort du dictateur.
Pour éviter cet état définitif, selon lui, une simple voie. L’entraide entre gens de bonne volonté, un travail collectif vers un même objectif : « Si nous tirons tous, si je tire fort par ici, et que tu tires fort par là, sûr qu’il tombera. »
Au lendemain du premier tour des élections législatives anticipées, l’ensemble des formations politiques républicaines seraient bien inspirées de s’en imprégner. L’heure est à l’état d’urgence, à la nécessaire coopération entre forces démocratiques pour barrer la route au souffle répudiant de l’extrême droite.
Portés par près de 33 % des suffrages exprimés, c’est peu dire que le Rassemblement national (RN) et ses alliés de la droite la plus extrême longuement couvée par l’ancien président des « Républicains », Éric Ciotti, n’ont jamais été si près du pouvoir. Ce Graal qu’ils convoitent tant, quitte à multiplier les incohérences programmatiques pour attirer des électorats aux intérêts de classe pourtant divergents.
Pour le moment, selon les projections, ils pourraient obtenir, au soir du 7 juillet, entre 240 et 270 députés, donc une majorité relative. Reste que, avec 38 candidats élus au premier tour, 258 en tête dans autant de circonscriptions et 186 autres qualifiés en position moins favorable, la majorité absolue (289 élus sur 577) est à leur portée.