Si aucune élection n’est prévue, les partis vont s’atteler à préparer l’échéance municipale de 2026, tout en restant à l’affût des événements nationaux. L’année politique s’annonce dense. Illustration en région.
En théorie, 2025 s’annonce calme sur le plan politique. Aucun scrutin n’est programmé au cours de l’année, les prochaines échéances étant pour 2026 (municipales et sénatoriales), 2027 (présidentielle), 2028 (régionales et départementales) et même 2029 (européennes et législatives). Mais ce calme sera tout relatif.
D’abord, parce que l’accueil réservé au gouvernement Bayou, avec des oppositions vent debout contre des ministres incarnant un macronisme rejeté en 2024, laisse planer une incertitude sur la capacité de l’exécutif à éviter une nouvelle motion de censure. Si le chef de l’État ne peut convoquer de nouvelles élections législatives avant le mois de juillet, peut-être n’aura-t-il pas le choix de dissoudre à nouveau l’assemblée nationale après l’été si plusieurs gouvernements se succèdent d’ici-là, faute de pouvoir construire une coalition majoritaire. “On a pour consigne de se préparer au cas où. À la fois dans le choix des candidats, qui devront déjà arpenter leur circonscription et sur le plan matériel”, nous souffle une cadre régionale du parti Horizons. Même un militant Renaissance chevronné estime le scénario “probable”. “Ici, ce serait un jeu de massacre”, prédit-il.
Un nouveau scrutin législatif pourrait en effet permettre au Rassemblement national et son partenaire ciottiste d’étendre un peu plus son influence en région, même si son quasi-grand chelem de 2024, du Gard (6 députés sur 6) aux Pyrénées-Orientales (4 sur 4) en passant par l’Hérault (5 sur 9) et l’Aude (3 sur 3), lui laisse plus de bastions à défendre que de territoires à conquérir en Languedoc.
Le RN s’organise
Ce sera en revanche son objectif de 2026 avec les municipales. Si ce scrutin a constitué jusque-là un plafond de verre, sauf dans quelques communes, le RN espère s’emparer cette fois de plusieurs villes au regard de ses récents résultats. Où ? Avec qui ? Ce travail a été confié à un élu d’ici, le Beaucairois Julien Sanchez, chargé d’affiner la stratégie. “Il vaut mieux la qualité que la quantité”, a annoncé le député européen, comme pour prévenir que son parti allait cibler ses objectifs.
Cette mission sera menée dès les premiers mois de 2025 et dans la région, le parti lepéniste a déjà des mairies dans le viseur, particulièrement là où des députés sont bien installés. Julien Sanchez a déjà cité “Pont-Saint-Esprit, Bagnols, Vauvert” et même Nîmes dans le Gard. Dans l’Hérault, le long du littoral, le RN songe à Lunel, Frontignan, Sète ou Béziers. Comme Carcassonne ou Narbonne dans l’Aude. Autant de prétendants qui vont sortir du bois, dès lors que l’on sera, en mars, à pile un an du scrutin.
C’est déjà (presque) parti
La campagne des municipales est donc déjà lancée et va s’accélérer. Pour l’heure surtout en coulisses, même si certains ont déjà anticipé le calendrier, à l’image, à Montpellier, de la députée insoumise Nathalie Oziol qui, a affirmé dans Midi Libre que sa candidature est « une hypothèse forte », après les scores importants de LFI sur la ville lors des derniers scrutins. Une manière de couper l’herbe sous le pied aux autres représentants locaux de la gauche radicale, dont Alenka Doulain qui incarne l’opposition à Michaël Delafosse depuis 2020. La bataille interne pour ce leadership s’annonce musclée, avec les écologistes en arbitre. La lassitude des travaux en ville, notamment, pousse nombre de prétendants à croire aussi en leur chance de renverser le maire sortant, de la notaire Isabelle Perrein à la ministre Patricia Mirallès en passant par l’ancien maire Philippe Saurel ou le trublion Rémi Gaillard. 2025 va amorcer une campagne musclée.
D’autres villes de l’Hérault seront à suivre, chacune pour une raison différente. À Béziers, la défaite d’Emmanuelle Ménard aux législatives a montré qu’il pouvait être possible de renverser le clan Ménard, notamment au RN qui l’avait soutenu jusque-là. À Agde, les regards sont tournés vers l’ancien maire Gilles d’Ettore qui pourrait être tenté de revenir dans le jeu, malgré l’affaire de la voyante qui l’a poussé à la démission. À Sète, la cour de cassation doit se prononcer sur l’éventuelle inéligibilité de François Commeinhes, une décision attendue au premier semestre qui pourrait lancer les hostilités jusque dans le camp du maire.
Hérault, Gard, Lozère…
Dans le Gard aussi, l’année doit permettre de trancher des successions. À Alès, c’est acté, Christophe Rivenq devant prendre le relais de Max Roustan dès ce mois d’avril. À Nîmes, c’est plus complexe et la guerre à laquelle se livrent le président de Nîmes Métropole, Franck Proust, et le premier adjoint de Jean-Paul Fournier Julien Plantier, pourrait profiter à leurs adversaires qui rêvent, de la gauche au RN en passant par Horizons et Renaissance, de faire tomber la droite.
À Mende, en Lozère, puisque Laurent Suau a décidé de s’emparer du Département, les appétits – et les couteaux – pourraient aussi s’aiguiser assez vite.
Et les régionales ?
Ces quelques exemples illustrent les préparatifs qui s’amorcent. Et ces municipales pourraient amener à anticiper un autre scrutin, celui des régionales. La présidente de l’Occitanie Carole Delga a en effet indiqué, mi-décembre, qu’elle pourrait répondre favorablement aux sollicitations qu’elle reçoit pour s’emparer de la mairie de Toulouse. Cette perspective, qu’elle doit confirmer très vite, ouvrirait la course à sa succession, aucune personnalité n’émergeant jusqu’à présent. En fait, en politique, une année calme, ça n’existe pas.