L’attractivité du statut de médecin hospitalier titulaire ne cesse de diminuer. Alors que jusqu’au début des années 2000, les jeunes diplômés étaient en concurrence pour obtenir ces postes particulièrement convoités, aujourd’hui ils s’en détournent, voire démissionnent après quelques années d’exercice. Au fil des années, les hôpitaux, pour pouvoir continuer à fonctionner, ont fait appel à l’intérim dans un contexte de baisse de la démographie médicale. Sans aucun encadrement, la loi brutale du marché s’est appliquée, avec la règle de ce qui est rare est cher.
Face à cette situation, le gouvernement a mis en place ce qu’il a appelé une régulation de l’intérim avec des mesures que nous avions dénoncées à l’époque comme inadaptées. Malheureusement, nous avions raison et un récent rapport de Cour des comptes le confirme en indiquant que la réglementation a manqué sa cible. Elle est même très sévère, en parlant d’usage abusif, de mercenariat, de dérives qui peuvent aussi être observées sur d’autres formes de contrat.
À cela s’ajoute, pour les médecins titulaires en sous-effectifs, une explosion des heures supplémentaires dont les dépenses ont doublé et un recours aux médecins contractuels dont les rémunérations ont augmenté de plus de 60 %. Les hôpitaux de petite taille sont particulièrement concernés, mais tous les établissements sont touchés avec une forte dépendance des gardes et astreintes à l’égard des emplois temporaires.
Le mal est profond et nous pouvons constater que le gouvernement se comporte en pompier pyromane. En effet, cette situation lui permet d’accélérer le démantèlement des petits établissements en utilisant l’argument du manque de médecins pour fermer ici une maternité, ailleurs un service d’urgence et parfois la totalité de l’hôpital en le transformant en structure pour personnes âgées.
Comme dans d’autres secteurs comme l’éducation, le problème est celui de la fuite des candidats pour le statut de praticien hospitalier du fait de la dégradation des conditions de travail associée à des rémunérations qui ont été bloquées pendant de nombreuses années, avec une perte de pouvoir d’achat de plus de 20 %. Nous sommes actuellement dans un cercle vicieux avec plus de 25 % des postes de titulaires vacants, chiffre qui atteint même près de 50 % en radiologie ou en psychiatrie, ce qui oblige les médecins en poste à accumuler de très nombreuses heures supplémentaires, contrainte à l’origine de nombreuses démissions.
La solution est simple et consiste à revaloriser le statut de médecin hospitalier. De nombreux leviers sont disponibles. Il s’agit notamment de la prise en compte de la pénibilité liée notamment aux gardes et aux astreintes, c’est-à-dire au travail de nuit, les week-ends et les jours fériés. La question des rémunérations est aussi incontournable pour des diplômés à bac + 10 et une utilité sociale qui ne se discute pas.
Même si de nombreux jeunes ne s’en préoccupent pas d’emblée, la faiblesse du niveau des retraites, plus que l’âge de départ, inquiète beaucoup quand ils découvrent la réalité avec une réforme prise en 2008 qui va entraîner une diminution de plus de 25 % des pensions pour ceux qui partiront après 2030. Enfin, l’amélioration des conditions de travail passe par une véritable politique de maintien d’un maillage d’établissements hospitaliers sur l’ensemble du territoire.
En effet, la fermeture des hôpitaux de proximité concentre l’activité sur les établissements de plus grande taille, qui n’ont pas les moyens de gérer cet afflux de patients. Au-delà de l’intérêt des médecins, il s’agit d’une mesure de santé publique pour assurer la sécurité de la population. Donc au-delà des revendications catégorielles, il est de l’intérêt de tous les citoyens, tous futurs patients des hôpitaux, à ce qu’une autre politique soit mise en œuvre pour l’emploi des médecins hospitaliers.
Avant de partir, une dernière chose…
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