Le cortège s’avance silencieusement dans les rues de Calais (Pas-de-Calais), ce mercredi 7 août. Il y a là une cinquantaine de personnes : des bénévoles d’associations, des militants et quelques habitants, la plupart de noirs vêtus. Et surtout, en tête de cortège, les familles de Dina Al Shammari, 21 ans, et de Mohammed, 11 mois, deux exilés décédés ces derniers jours à la frontière.
La marche blanche, à l’initiative des deux familles et soutenue par les associations, traverse le centre-ville de la cité portuaire, croise des vacanciers de retour de la plage, serviette sur le dos, et passe à côté des manèges de la fête foraine du port de plaisance. Choc des réalités : station balnéaire pour certains, frontière mortifère pour les autres.
Neuf personnes sont décédées en tentant de traverser la frontière, à Calais, depuis le début de l’été. Le 12 juillet, le naufrage d’une embarcation au large de Boulogne-sur-Mer a fait 4 morts et plusieurs disparus. Le 17 juillet, une femme érythréenne de 32 ans est morte noyée après un naufrage au large de Gravelines. Le 28 juillet, Dina mourait dans une embarcation surchargée. Mohammed, nourrisson de 11 mois, est lui décédé des suites d’une défaillance d’accès aux soins, le 29 juillet. Au total, depuis janvier, ce sont au moins 29 personnes exilées qui sont mortes dans la zone frontière.