François Bayrou cherche le trou de souris par lequel passer pour faire survivre son gouvernement, constitué lundi soir. Le 14 janvier, il prononcera devant l’Assemblée nationale sa déclaration de politique générale. Les députés France insoumise (FI) déposeront alors une motion de censure qui a peu de chances d’être adoptée. Si le président du Rassemblement national (RN) Jordan Bardella a dit voir dans le gouvernement Bayrou une « coalition de l’échec », il a aussi ces derniers jours dit renoncer à « toute censure automatique ».
La gauche peut envisager la censure
Pour l’heure, la FI n’est pas certaine d’être suivie par ses alliés. Si le parti de Jean-Luc Mélenchon vise un blocage des institutions afin de provoquer une présidentielle anticipée, les autres partis de gauche ne se placent pas forcément dans la même perspective, y voyant le risque d’une victoire du Rassemblement national.
Le PS n’écarte toutefois pas une censure. « Je verrai avec mes amis ce qu’il se passe le 14 janvier », a alerté Olivier Faure, premier secrétaire du PS, qui réclame une « suspension immédiate » de la réforme des retraites de 2023. François Bayrou ne consent qu’à la faire rediscuter à la marge par les organisations syndicales et patronales.
Le groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR), où siègent les communistes, critique « le choix de personnalités clivantes », connues pour « leur manière autoritaire d’imposer des textes », citant notamment la réforme des retraites. Son communiqué conclut que le nouvel exécutif « ne porte aucune ambition que de poursuivre la politique menée depuis sept ans ». Même tonalité chez les Écologistes, qui estiment : « François Bayrou veut nous faire boire le calice de la Macronie agonisante jusqu’à la lie. »
Tous les ingrédients d’une censure par la gauche sont réunis, si ce n’est dans l’immédiat, quand le gouvernement dégainera le 49.3. François Bayrou a indiqué sur BFMTV le 23 décembre qu’il n’entendait pas en faire usage, mais qu’il pourrait l’utiliser « à la dernière extrémité sur le budget ».
À nouveau face au mur
Dès la mi-février, il sera face à un mur, tenu de trouver une majorité pour faire adopter le projet de loi de finances 2025 (PLF). Lui et sa ministre des Comptes publics Amélie de Montchalin comptent reprendre presque intact le projet de budget d’austérité que lui a laissé le gouvernement Barnier. Ils vont alors devoir arbitrer entre les demandes de la gauche et celles de l’extrême droite.
Avant la chute du gouvernement Barnier, la gauche avait contribué à faire adopter par amendements 60 milliards d’euros de recettes supplémentaires au grand dam des macronistes et de l’extrême droite. À l’époque, le RN avait critiqué un PLF qui augmentait les prélèvements obligatoires.
La formation d’extrême droite cherche à s’accréditer auprès des électeurs qui votent encore à droite et des milieux patronaux. Elle pourrait se réfugier dans l’abstention et le budget serait adopté. François Bayrou n’aurait alors pas à utiliser l’article 49.3 de la Constitution, mais il aura fait la preuve, s’il en était encore besoin, qu’il dépend du parti lepéniste pour gouverner.
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.Je veux en savoir plus