Ci-gît le macronisme fiscal. En une semaine d’examen du budget 2025, la gauche et une partie des oppositions ont méthodiquement torpillé les dogmes en vigueur depuis 2017, selon lesquels toute hausse de prélèvements pesant sur les plus riches et les entreprises précipiterait la France dans le chaos.
C’est au nom de cette idée reçue que le pouvoir macroniste a empilé les ristournes fiscales, de la baisse de l’impôt sur les sociétés à la création d’une « flat tax » sur les revenus financiers, en passant par l’allégement des impôts de production. Une politique qui a surtout contribué à alourdir le poids de la dette française (3 228,4 milliards d’euros au deuxième trimestre 2024), sans faire la preuve de son efficacité économique.
Le premier ministre avait déjà (timidement) écorné ce totem fiscal dans sa version initiale du budget 2025, en prévoyant notamment l’instauration d’une contribution exceptionnelle sur les plus hauts revenus, qui devait garantir un taux d’imposition d’au moins 20 % pour tous les foyers déclarant plus de 250 000 euros de revenus annuels pour une personne seule et 500 000 euros pour un couple. Soit quelque 24 300 foyers, selon les calculs de Bercy.
Impôt de 2 % sur les patrimoines au-dessus de 1 milliard d’euros
Mais la gauche est allée bien plus loin, lors de l’examen du budget dans l’Hémicycle. D’abord, en pérennisant et en élargissant cette contribution (au départ prévue pour seulement trois ans). Ensuite, en faisant voter plusieurs mesures destinées à ponctionner davantage les grandes entreprises et les plus riches.
La plus symbolique est l’instauration d’un impôt de 2 % sur les patrimoines au-dessus de 1 milliard d’euros. C’est une version (certes limitée à la France) de la fameuse « taxe Zucman ». Partant du principe que, dans le monde, les milliardaires ne payent pratiquement aucun impôt sur le revenu, grâce à diverses techniques d’optimisation fiscale, l’économiste Gabriel Zucman préconise la création d’un impôt mondial sur les patrimoines. Même limité à 2 %, il pourrait rapporter 220 milliards d’euros à l’échelle de la planète et 15 milliards pour la France.
Autre mesure symbolique, la gauche a fait adopter à l’Assemblée le retour progressif de la contribution sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE), qu’Emmanuel Macron avait commencé à supprimer. Une taxe pesant surtout sur les grandes entreprises, dont le retour a horrifié les macronistes… et l’extrême droite. Il faut dire que le RN a souvent volé au secours des plus riches et des grands patrons lors de l’examen du budget, sous prétexte de défendre les chefs d’entreprise. Le parti d’extrême droite s’est notamment insurgé contre la suppression de la « flat tax », proposée plus tôt dans la semaine.
Quel sera l’avenir de ces dispositions adoptées par la gauche ? L’examen du budget a été interrompu ce 26 octobre et reprendra à l’Assemblée le 5 novembre. Il est fort probable que le gouvernement de Michel Barnier choisisse de recourir à l’article 49.3 pour faire passer le budget, ce qui aura pour conséquences de balayer une bonne partie des amendements proposés par la gauche. En attendant, cette dernière savoure malgré tout ce premier outrage fait au macronisme…
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