Pour la première fois de son histoire, l’indice qui reflète les capitalisations des 40 plus importantes entreprises françaises a dépassé les 8 000 points. Non seulement ce n’était jamais arrivé, mais jamais, avant 2021, le CAC n’avait dépassé les 7 000 points. C’est que, chaque année depuis, qu’il pleuve, qu’il vente, que le déficit commercial se creuse, que le chômage remonte et que la pauvreté explose, les multinationales françaises battent un nouveau record de résultats, dividendes et rachats d’actions.
C’était encore le cas en 2023, dont l’année fiscale vient de s’écouler pour 38 entreprises du CAC 40 (Pernod Ricard et Alstom ont des exercices décalés). Elles ont ainsi dégagé 153,6 milliards d’euros de résultat net cumulé, dont 98 milliards reversés directement aux actionnaires (67,8 milliards sous la forme de dividendes et 30,1 milliards en rachats d’actions). Un record de plus.
La production sur le territoire français en baisse
Ainsi, la capitalisation cumulée de ces entreprises a rejoint le niveau du PIB français : 2 600 milliards d’euros. Si les profits et les dividendes versés sont toujours tirés vers le haut par TotalEnergies, les spéculateurs préfèrent acheter les titres des entreprises du luxe. Avec 417 milliards d’euros, LVMH est de loin la première capitalisation française. Derrière caracolent Hermès et L’Oréal, entre 230 et 240 milliards, devant TotalEnergies, à 140 milliards d’euros.
Les multinationales françaises et celles du luxe en particulier ne semblent clairement plus dépendantes de la bonne santé de l’économie locale. Elles y vendent et y produisent de moins en moins. Selon le Centre d’études prospectives et d’informations internationales (Cepii), la production française a baissé de 2,6 % en 2023, comparée à 2019, les fleurons français et allemands délocalisant chez leurs voisins : + 44 % de production en Pologne, + 13 % en Slovénie…
D’ailleurs, autre indicateur en berne : le chiffre d’affaires cumulé de 38 groupes est en légère baisse par rapport à 2022. À l’inverse, et cela s’est accru depuis la pandémie, les aides publiques aux entreprises sous toutes leurs formes (directes, fiscales ou en baisses de cotisations) n’ont jamais été aussi élevées. Mais pour la Bourse, qu’importe l’activité réelle des entreprises, tant que les profits augmentent.
Le CAC 40 n’est pas le seul indice à battre des records. Jeudi, le S & P 500 (les 500 plus grandes sociétés cotées aux États-Unis) a également battu le sien. Rappelons que les précédents pics de ce type, en septembre 2000 et au printemps 2007, ont précédé l’éclatement de la bulle Internet et le krach, conséquence, lui, de la crise de l’immobilier états-unien.