Quelque 68,2 milliards de dollars : c’est la somme que les grandes banques françaises ont consacrée à l’expansion des énergies fossiles entre 2021 et 2023, selon le rapport mondial de huit organisations, paru lundi 13 mai. Cette quinzième édition du Banking on Climate Chaos, par BankTrack, CEED, Indigenous Environmental Network, Oil Change International, Rainforest Action Network, Reclaim Finance, Sierra Club et Urgewald, avec le soutien des Amis de la Terre France, expose des constats alarmants.
Les secteurs pétrolier et gazier aspirent 58,8 milliards de dollars
« L’industrie des combustibles fossiles continue de faire de son mieux pour ignorer les faits, comme en témoignent ses plans d’expansion inconsidérés et ses reculs par rapport à ses engagements déjà faibles en matière de climat », expose le rapport.
Depuis l’accord de Paris, fin 2015, 7 105 milliards de dollars ont été fléchés vers l’expansion des énergies fossiles par les 60 plus grandes banques mondiales. Les établissements français arrivent 6es au classement, avec 8 % de leurs financements dédiés au secteur, derrière les États-Unis (31 %), la Chine (15 %), le Canada (13 %), le Japon (12 %) et le Royaume-Uni (8 %).
En France, 99 % de ce soutien provient de quatre grandes banques : BNP Paribas, Crédit agricole, Société générale et BPCE. Elles ont pourtant pris des engagements pour limiter le changement climatique à 1,5 °C, à l’horizon 2050, actés par leur participation à la Glasgow Financial Alliance for Net Zero (Gfanz) – une coalition internationale d’institutions financières, créée en 2021 pour accélérer la décarbonation de l’économie. Si le secteur du charbon est peu concerné au niveau national, les secteurs pétrolier et gazier ont aspiré 58,8 milliards de dollars de ces financements entre 2021 et 2023.
« L’expansion des combustibles fossiles doit cesser immédiatement »
BNP Paribas, en tête avec 24,2 milliards de dollars, a néanmoins diminué ses financements aux grandes entreprises pétrolières et gazières. Les banques françaises, précise le rapport, soutiennent à hauteur de 29,7 milliards de dollars des entreprises comme TotalEnergies, Eni, ou encore Saudi Aramco, faisant de la France leur deuxième plus gros financeur. Mais BNP Paribas, pointe Lorette Philippot, chargée de campagne aux Amis de la Terre France, « campe sur une logique de choix au cas par cas, plutôt que d’avoir le courage d’une véritable stratégie climat ». Elle appelle à « un engagement ferme » car, selon le rapport, « les combustibles fossiles sont une impasse pour l’humain et la planète ».
Les huit organisations recommandent d’« exclure immédiatement tout financement de l’expansion des combustibles fossiles », et d’« exiger des plans de transition solides et alignés sur les objectifs de 1,5 °C pour tous les clients existants de combustible fossile ».
Une nécessité pour « éviter les effets les plus dévastateurs du chaos climatique ». Le rapport insiste également sur la protection des droits humains et des droits des peuples autochtones, et préconise d’« augmenter le financement pour une transition juste et équitable ». « Le temps est compté », concluent les organisations, ajoutant leurs voix à celles des scientifiques du monde entier. À quand « un monde qui change » vraiment ?
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