Dans la brume des fraîches matinées de décembre, elles trônent sur le 18e arrondissement de Paris, contrastant avec le maussade du gris ambiant par leur aplat de bleu roi. Droites comme des i sur la toiture du 2, boulevard Rochechouart, les lettres « Tati », désormais maculées de tags, rappellent la grandeur du magasin historique du très populaire quartier Barbès, dont il ne reste aujourd’hui, en plus de l’inscription « les plus bas prix », qu’une série de bâtiments désolés aux vitres brisées.
Pour l’instant laissés vacants, les bâtiments devraient bientôt être convertis par le développeur immobilier Immobel France en un îlot urbain rénové, constitué de commerces en pied d’immeuble, d’une résidence hôtelière, d’une trentaine de logements dont huit sociaux. Le projet, nommé « Passerelle », comportera aussi une salle de spectacle et 2 700 m2 de bureaux.
Pas de clients de seconde zone
Un changement radical dans l’ADN du quartier, estime Hajer Ben Boubaker, historienne et autrice de Barbès Blues, une histoire populaire de l’immigration maghrébine. « Historiquement, Barbès est un quartier de commerce, surtout en mono-activité, pas un quartier qui accueille des bureaux. On se demande à quel point les loyers vont augmenter, à quel point la vie des riverains va changer », questionne-t-elle.