Ce matin, à 6 heures, France Inter informait ses auditeurs qu’un magasin de l’enseigne Arroyolinos, installé au sud de Madrid, a créé une piste inclinée de 250 mètres recouverte de neige artificielle pour permettre a ses clients de chausser les skis avant de faire leurs courses. Elle est ouverte de 10 heures à 22 heures 365 jours par an, tandis qu’un abonnement annuel de 600 € permet d’y accéder cinq fois par semaine. Voilà qui n’est pas de nature à favoriser la neutralité carbone promise par la Commission européenne pour l’année 2050, malgré l’interdiction de vente des voitures neuves à moteur thermique à partir de 2035. D’autant plus que la voiture électrique coûte de plus en plus cher tandis que le prix de la recharge sur nos autoroutes est déjà aussi élevé qu’un plein d’essence ou de gazole. Ajoutons que la concurrence mondialisée dans la production des voitures électriques va aussi se traduire par des fermetures de sites et de destruction de capital industriel en état de produire.
Dans son édition du 21 août, le Figaro publiait les photos de trois voitures électriques chinoises et affirmait que « sauf surprise parmi les Vingt-Sept, qui voteront sur le sujet d’ici fin octobre, la Commission devrait en effet décider d’appliquer dans la foulée – et pour cinq ans – des taux allant jusqu’à 36,3 % du prix aux différents constructeurs visés, selon un niveau de subvention perçu ». Trois photos de trois modèles de voitures chinoises illustraient cet article avec ces courtes légendes :
« 17 % de droits de douane recommandés par la Commission pour la marque BYD (en % du prix du véhicule en plus des 10 % existants ». « 19, 3 % de droits de douane recommandés pour le constructeur de Geely (qui possède la marque Zeekr) ». « 36,3 % de droits de douane (taux maximum) recommandés pour le constructeur SAIC (qui possède la marque MG) ».
Menace sur la marge opérationnelle à deux chiffres
Le lendemain, le quotidien « Les Echos » annonçait en Une la présence de « Carlos Tavares à Détroit au siège de Stellantis ». Le titre était suivi de ces phrases d’explication : « C’est à Détroit, dans la capitale de l’automobile américaine, où se situe le siège de Stellantis, que Carlos Tavares a préféré écourter ses congés estivaux. Le dirigeant du constructeur s’est donné jusqu’à vendredi pour trouver avec ses équipes des remèdes aux maux américains de Stellantis. Stocks de voitures
invendues excessifs, usines pas assez efficaces, positionnement de modèles discutable, autant de dérives qui menacent l’exploit d’une marge opérationnelle de deux chiffres réitéré depuis 2021 par le groupe. Le modèle Tavares est mis au défi en Amérique ».
En page 12 du même journal, Guillaume Guichard expliquait que l’enjeu pour le PDG de Stellantis réside « dans le maintien d’une marge opérationnelle à deux chiffres en 2024 sur le périmètre du groupe. Un exploit financier réitéré depuis 2021 pour le groupe, mais inédit pour un constructeur automobile généraliste occidental. Une performance que Carlos Tavares compte bien installer comme une habitude. Reste que l’indicateur financier a quelque peu fondu au premier semestre, à tout juste 10 %, après 12,8 % en 2023 et 13 % en 2022 ».
Selon Guillaume Guichard, le patron de Stellantis a relevé au siège du groupe que « les actions marketing ne sont pas suffisamment professionnelles et efficaces avant de déclarer sous forme de concession : « Nous avons été trop arrogants et quand je dis nous, je parle de moi. Dans une entreprise 200 milliards de chiffre d’affaires, vous n’êtes pas au courant de tout. Certes, j’aurais dû voir le problème plus tôt et réagir plus rapidement. Il m’a manqué des feux d’alerte. Nous allons en parler avec les équipes ».
Gaver les actionnaires et percevoir 100 000 € par jour
On sait que la rémunération totale de Carlos Tavares a été de 36,5 millions d’euros pour l’année 2023, soit la bagatelle de 100 000 euros par jour. Avec un taux de profit à deux chiffres, la partie variable du salaire perçu par le PDG est nettement plus élevée que la partie fixe tandis qu’un gros paquet d’actions gratuites vient s’ajouter à sa rémunération annuelle.
Il reste à voir si l’augmentation des droits de douane, si elle est appliquée, servira pour partie à mieux payer les salariés dans les usines qui subsistent en Europe ou si la taxation des voitures chinoises importées en Europe servira à faire croître les profits en priorité. Il reste aussi à voir comment réagira la Chine dont « Les Échos » du 22 août indiquaient qu’elle envisageait de taxer les importations de produits laitiers en provenance des pays membres de l’Union européenne. Sur ce dossier, l’article de Dominique Chapuis donnait les précisions suivantes :
« Le Vieux Continent est de deuxième fournisseur de la Chine dans ce secteur, après la Nouvelle-Zélande. Parmi les principaux pays exportateurs figurent les Pays-Bas, l’Allemagne et la France. En 2023, le montant des exportations tricolores vers le pays s’est élevé à 665 millions d’euros, un montant stable depuis 2021. La Chine pèse environ 8 % des ventes mondiales françaises de produits laitiers hors des frontières, en valeur. Un poids non négligeable. Sans le lait infantile les ventes à l’export se réduisent à 386 millions d’euros ».
Ajoutons enfin que la Chine qui importe beaucoup de vins et de cognac en provenance de notre pays menace aussi de temps à autre de réduire ces importations comme mesure de rétorsion.
Avant de partir, une dernière chose…
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