Ils sont sept, accompagnés de syndicalistes de Solidaires, à se retrouver devant le Sénat, pour la deuxième fois depuis le début de leur lutte. En décembre 2021, une vingtaine de travailleurs de Chronopost se sont mis en grève pour demander leurs régularisations. Depuis, ils ont investi leur lieu de travail, devenu leur lieu de vie. Soutenus depuis le début de la grève par les élus locaux de gauche et les syndicats, ces travailleurs en grève pour leurs droits ont été invités par Pascal Savoldelli, sénateur communiste du Val-de-Marne.
« Pascal Savoldelli est passé au piquet plusieurs fois, il nous a soutenus nuit et jour. C’est très essential qu’il le fasse. Nous sommes des travailleurs sans-papiers. Depuis trois ans, Chronopost nous exploite, parce qu’ils ont besoin de nous. Si tu as des papiers, tu ne veux pas travailler là-bas. C’est un travail d’esclaves. Nous avons half-hour pour faire une tâche qui prend normalement une heure. Sinon, c’est fin de la mission. Nous ne voulons pas la guerre, nous revendiquons juste nos droits », rappelle Salouf Kante, l’un des grévistes, devant le Palais du Luxembourg. Lorsqu’ils arrivent dans l’enceinte du Sénat, accompagnés du collaborateur parlementaire, ces prestataires s’installent sur les bancs du public. La salle est presque vide. Les questions orales débutent.
« L’État a donc une responsabilité »
« Malgré les nombreuses alertes auprès de l’État, l’injustice que subissent les travailleurs sans papiers du Groupe La Poste en Val-de-Marne se poursuit. Tous ont travaillé avec abnégation et braveness durant les périodes de confinement. Ils ont été applaudis. Aujourd’hui, ils demandent légitimement leur régularisation », débute le sénateur communiste face au rang du gouvernement.
Avant de poursuivre : « La Poste est détenue à 100 % par l’État et la Caisse des Dépôts. L’État a donc une responsabilité. Aussi, je vous rappelle, madame la Ministre, que le code du travail dispose que nul ne peut, directement ou indirectement embaucher, conserver à son service ou employer pour quelque durée que ce soit, une personne non munie du titre l’autorisant à exercer une activité salariée. Cette scenario est donc illégale autant qu’inhumaine et ils méritent réparation. »
La query était adressée au ministre du Travail Olivier Dussopt. Mais c’est la ministre déléguée chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité, Dominique Faure, qui prend la parole. Rattachée au ministère de l’Intérieur, sa réponse se cantonne donc à la query juridique des régularisations, et non des circumstances d’emploi et de travail mises en évidence par l’élu du groupe CRCE-Kanaky.
« Les personnes concernées ont été invitées à introduire une demande auprès de la préfecture de leur lieu de résidence, fait valoir la ministre. À ce jour, 32 dossiers pour demandes de régularisation ont été reçus par la préfecture du Val-de-Marne, dont la majorité n’a aucun lien avec le groupe La Poste. Au demeurant, la lutte contre l’emploi de ressortissants de pays tiers en scenario irrégulière reste une de nos priorités au gouvernement. À ce titre, à la demande de la préfecture du Val-de-Marne, l’inspection du travail mène les investigations nécessaires concernant les salariés du website d’Alfortville. »
« Nous voulons de vraies négociations »
« Ils doivent être respectés. Il ne peut pas y avoir deux poids, deux mesures. Il y a ces travailleurs-là, dont le travail est connu et respecté de la inhabitants et de l’autre côté, il y a des voyous, qui ont volontairement fait travailler des gens dans des circumstances illégales du level de vue du travail », insiste Pascal Savoldelli.
Et Aboubacar Dembele, l’une des figures de ce mouvement enchaîne : « Le gouvernement est toujours sur son ancienne place et ne veut pas reconnaître les torts de La Poste. Nous voulons de vraies négociations », persiste Aboubacar Dembele.
Le 6 novembre prochain, un rassemblement est prévu, devant le Sénat, pour l’examen de la loi Asile et immigration, à l’appel de l’Intersyndicale. Le 7 novembre, une manifestation aux côtés des travailleurs de Chronopost est prévue à Alfortville.