Par Maryse Dumas, syndicaliste
Quelque part entre la chasse aux œufs de Pâques et le jeu « Cherche et trouve », à moins que ce ne soit le jeu « Qui veut gagner des millions ? » ou plus exactement des milliards, 40 milliards précisément, c’est là qu’on pourrait situer la semaine politico-médiatique organisée par le premier ministre. Un grand tableau, pas noir, on est en 2025, il faut faire moderne, mais tous les attributs de la pédagogie ont été réunis pour nous infliger, comme à des élèves récalcitrants, une leçon de comptabilité budgétaire. Des slides, des chiffres, peu de lettres, des couleurs, des démonstrations censées être imparables, monsieur le professeur s’est doté de tous les moyens pour tenter de faire admettre l’inadmissible. L’objectif ? Braquer toute l’attention sur les équilibres comptables pour la détourner de l’essentiel : la nature et le sens de la politique économique et de la politique tout court à déployer dans le pays.
Toutes et tous les élu·es vous le diront : dans les collectivités, l’élaboration et le vote du budget sont le moment essentiel où s’affirment les lignes stratégiques et où se dessinent les choix politiques alternatifs. François Bayrou, lui, veut porter l’attention sur les équilibres budgétaires pour mieux faire diversion des axes majeurs de sa doctrine économique et sociale. Le « flou », qui est sa marque de fabrique, montre surtout qu’il s’est parfaitement approprié cette maxime non d’Henri IV, mais du cardinal de Retz : « On ne sort de l’ambiguïté qu’à son détriment. » Illégitime au regard du résultat des législatives, fragile au regard de la composition de l’Assemblée nationale, il veut repousser le plus possible le moment de vérité et pour cela il n’hésite pas à « amuser » la galerie, les médias surtout, sans répondre aux exigences fondamentales posées à notre pays.
Au vu d’une situation internationale mouvante et plus que préoccupante, il y aurait nécessité de mobiliser et d’unir les forces vives sur un projet ambitieux pour redonner à la France les moyens de se faire entendre et respecter au plan extérieur parce que soutenue par un élan démocratique intérieur. Mais aucune ambition n’est seulement affichée dans ce sens. L’hémorragie des emplois, notamment industriels, se poursuit, le chômage remonte, les services publics sont à l’os, l’hôpital est en crise profonde, le mal logement s’accentue, une partie toujours plus grande de la population se prive de l’essentiel. Ce serait le moment de faire des choix radicalement opposés à ceux qui ont prévalu jusqu’ici et ont enfoncé notre pays dans cette crise profonde et multiforme.
Mais telle n’est pas la volonté de ce gouvernement pas plus que du président de la République. Ils nous entraînent vers la catastrophe, sauf si les forces syndicales, sociales et politiques parviennent à offrir des pistes alternatives sérieuses. C’est l’un des enjeux des manifestations intersyndicales prévues le 1er Mai. Décidé à Paris en 1889, à la fin du congrès constitutif de la IIe Internationale socialiste, le 1er Mai a connu depuis ce moment des hauts et des bas, mais il n’a jamais disparu de la scène sociale, tant nationale qu’internationale. Il porte en lui le message universel de la nécessaire émancipation du travail, de la solidarité entre travailleuses et travailleurs du monde et de la paix. « Mille fois déclaré mort et enterré, il a autant de fois ressuscité », disait Georges Séguy. Donnons-lui, une nouvelle fois, raison.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !Je veux en savoir plus.