Alors que le suspect présumé interpellé après l’attaque au couteau près du pont de Bir-Hakeim, qui a coûté la vie à un touriste germano-philippin et a blessé deux autres personnes, samedi 2 décembre dans la soirée, est encore en garde à vue dans les locaux de la part antiterroriste (SAT) de la brigade criminelle de Paris, une enquête a été ouverte pour « assassinat et tentative d’assassinat en relation avec une entreprise terroriste » et « affiliation de malfaiteurs terroristes en vue de la préparation de crimes d’atteinte aux personnes ».
Deux jours après les faits, des informations commencent à émerger sur le profil complexe et le parcours d’Armand Rajabpour-Miyandoab, un Franco-Iranien de 26 ans, fiché S pour « islamisme radical » et par ailleurs suivi pour des troubles psychiatriques. Des révélations qui suscitent, d’ores et déjà, une série de critiques et de réactions publiques sur les ratés de sa prise en cost, qui auraient permis au suspect de passer sous les radars.
Condamné à cinq ans de jail en 2016
Le suspect, sorti de jail en 2020, avait purgé une peine de quatre ans « pour affiliation de malfaiteurs en vue de la préparation d’un acte de terrorisme », après un projet d’motion violente à la Défense, en 2016.
Issu d’une famille franco-iranienne non croyante qui avait fui le régime des Mollahs, il aurait affirmé à l’subject de cette incarcération ne plus entretenir de liens avec la mouvance djihadiste radicale et vouloir se détourner de cette idéologie. Ce dernier entretenait, selon le procureur Jean-François Ricard, des liens avec « l’un des futurs auteurs » de l’assassinat du père Hamel à Saint-Etienne-du-Rouvray (Seine-Maritime) et continuait par ailleurs de publier sur son compte X (ex-Twitter) plusieurs messages de « soutien aux jihadistes agissant dans différentes zones » du monde.
Avant cette attaque, qui aurait, selon Jean-François Ricard, été préparée il y a plusieurs semaines, il avait enregistré une vidéo proclamant son allégeance à l’organisation État islamique. « Dans ce movie, s’exprimant en langue arabe, il se présentait comme Abdallah Al-Khorassani, ce qui constitue une référence à l’organisation terroriste État islamique agissant actuellement à partir de l’Afghanistan », a précisé le procureur.
Sa mère avait donné l’alerte fin octobre
Le suspect aurait mis fin, plusieurs mois avant l’attentat, en accord avec son psychiatre, à son traitement. « L’auteur était soumis à une injonction de soins impliquant un suivi psychiatrique resserré et contrôlé par un médecin coordinateur », « effectif jusqu’à la fin de la mise à l’épreuve le 26 avril 2023 », a indiqué le procureur antiterroriste.
En octobre, constatant que son fils « se repliait sur lui-même », la mère d’Armand Rajabpour-Miyandoab aurait, selon Jean-François Ricard, contacté la police, qui n’a pu être en mesure de l’hospitaliser d’workplace ni d’exiger une visite chez le médecin, faute de troubles apparents.
« Les policiers ne sont pas des médecins », a réagi le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, dimanche, sur le plateau du 20 heures de TF1, peu après une réunion organisée à Matignon autour de la sécurité. Ce dernier a ainsi proposé des changements, à savoir « que le pouvoir public, les préfets, les policiers puissent demander, exiger une injonction de soins, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui ».
Une proposition dont le ministre ne précise pas les modalités d’utility, ni le cadre juridique dans lequel elle pourrait s’appliquer, et qui démontre bien le défi posé par ces profils d’assaillants porteurs de troubles mentaux, ainsi que l’inefficacité persistante à anticiper leurs actes, dans un pays où les moyens alloués à la psychiatrie sont par ailleurs en plein effondrement.