Le cours de Bourse du groupe de services informatiques Atos avoisinait ces derniers jours… 0,002 euro. Si la dégringolade de l’ancien fleuron français se poursuit donc, elle fait aussi des heureux. Entre les augmentations de capital qui viennent de donner lieu à un jeu de bonneteau et les révélations, ce mercredi, de la Lettre, Off investigation et Libération, concernant des centaines de millions d’euros versés par les directions successives à des cabinets d’avocats, de consultants et des banques d’affaires, en conseils stratégiques ou financiers fumeux, Atos reste une bonne affaire pour ceux qui savent en profiter.
Comme le prévoit le plan de sauvegarde accéléré adopté par le tribunal de commerce spécialisé de Nanterre, le 15 octobre, une opération d’augmentation du capital a été menée. Dans le but de convertir 2,9 milliards de dettes et d’apporter 1,5 milliard d’euros de financements, les actionnaires créanciers du groupe perclus de dettes (près de 5 milliards d’euros) étaient invités mi-novembre à transformer leurs actions d’Atos en bons de la nouvelle société Atos SE.
Se débarrasser de financiers court-termistes
« La mise en œuvre (…) entraînera une émission massive de nouvelles actions et une dilution substantielle des actionnaires actuels », avait prévenu l’actuelle direction. Ça n’a pas raté : les petits porteurs ont été tondus. Selon les résultats communiqués lundi, 179 milliards de ces actions converties se baladent, pour une valeur de 0,0001 euro chacune.
De la monnaie de singe qui commence à allécher les afficionados de la vente à la découpe. Ainsi, le fonds d’investissement alternatif new-yorkais D.E Shaw & Co, LP, spécialisé dans l’informatique, détient désormais 9,95 % du capital et des droits de vote.
Car, si l’État français est entré le 25 novembre en négociation exclusive pour mettre la main sur Advanced Computing, la branche des supercalculateurs stratégiques, Atos, qui fournit au moins la moitié des infrastructures numériques de nos services publics, détient de belles pépites… que les dirigeants mettent en vente régulièrement.
Après la filiale Atos Italie et EcoAct, Worldgrid vient d’être vendue. « Le groupe pourrait redevenir rentable, assure Pascal Besson, délégué CGT à Atos Eviden. Pour ça, il faudrait que l’État se débarrasse de notre gouvernance, composée de financiers court-termistes, et qu’il investisse, comme il vient de le faire en nationalisant les câbles sous-marins d’Alcatel, pour relancer la machine et engranger très vite des dividendes. »
La puissance publique ne semble pas en prendre le chemin. D’autant que l’image d’Atos n’en finit pas de s’abîmer. Ces trois dernières années, les directions successives auraient déboursé entre 600 et 700 millions d’euros en honoraires auprès de cabinets d’avocats, de consultants et autres banques d’affaires, selon un fichier confidentiel interne dévoilé par un salarié en quête du statut de lanceur d’alerte.
Un rapport d’information sénatorial d’avril 2024 évoquait déjà plus de 700 millions d’euros dépensés depuis 2019 pour la réalisation de trois plans de réorganisation. « Voilà des années que l’on réclame en CSE de connaître ces coûts. C’est pire qu’imaginé », se désole Pascal Besson.
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