Si certains sont coincés dans les bouchons du chassé-croisé entre juillettistes et aoûtiens, d’autres le sont à plusieurs centaines de kilomètres des autoroutes terrestres. Butch Wilmore et Suni Williams, les deux premiers astronautes transportés par le nouveau vaisseau Starliner de Boeing, sont prisonniers de la Station spatiale internationale. Arrivés sur l’ISS au début du mois de juin, les deux Américains devaient repartir avec la capsule du géant de l’aéronautique une semaine plus tard.
Cependant, en raison de problèmes détectés sur son système de propulsion, mais aussi de fuites d’hélium, la Nasa a annoncé laisser le vaisseau amarré en attendant de parvenir à identifier les sources des dysfonctionnements. Presque deux mois plus tard, les résultats des tests n’ont pas convaincu l’agence spatiale américaine, qui envisage maintenant de faire appel à un appareil de SpaceX, entreprise d’Elon Musk, pour ramener les deux astronautes sur Terre.
Humiliation pour Boeing ?
Vendredi 2 août, Boeing avait assuré dans un communiqué rester « confiant » dans la capacité de Starliner « à revenir en toute sécurité avec l’équipage ». « Starliner a un bel avenir », a de son côté assuré Steve Stich, responsable à la Nasa, estimant que les problèmes rencontrés pouvaient à l’avenir « être réparés ». Pourtant, le programme de développement de Starliner a déjà connu de multiples revers, notamment un premier vol sans équipage raté en 2019, et cette première mission habitée intervient avec des années de retard sur le calendrier initial.
Côté avion de ligne, la situation de Boeing est encore moins enviable. Les incidents se sont multipliés ces derniers mois, obligeant l’administration fédérale de l’aviation américaine (FAA) à mener un audit sur les dysfonctionnements de plusieurs appareils de la firme. Deux accidents ont causé la mort de 346 personnes en 2018 et 2019.
Dès le début des années 2000, le groupe externalise une grande partie de sa production en vue d’accroître ses bénéfices. « Boeing était une entreprise d’ingénieurs devenue une boîte dirigée par des financiers, qui mettent la pression sur les ingénieurs », résume Gérard Feldzer, ancien pilote de ligne. En sous-traitant des étapes clés de fabrication, le géant américain serait entré dans une logique de réduction des coûts au détriment de son appareil industriel, du maintien des compétences, et surtout de la qualité de sa production.
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