On savait que 40 000 décès étaient imputables chaque année à la pollution de l’air. Dans une nouvelle étude publiée ce mercredi, Santé publique France a estimé, au-delà de la mortalité, l’impact de cette exposition sur la survenue de maladies chroniques, évoquant un « fardeau considérable », tant sur le plan sanitaire qu’économique.
« La population n’a pas conscience de l’impact de la pollution des particules fines sur la santé, ni sur le coût », a résumé le Dr Caroline Semaille, directrice générale de Santé publique France, en présentant les résultats. Avec un constat sans appel : « Des dizaines de nouveaux cas seraient évitables en réduisant le niveau de pollution. »
7 à 13 % des nouveaux cas de maladies chroniques liés à la pollution de l’air
Concrètement, et pour la première fois, l’agence a évalué, sur la période 2016-2019, l’impact quantitatif de l’exposition aux particules fines (PM2,5) et au dioxyde d’azote (NO2) – des composants volatils et un gaz, présents dans l’atmosphère, qui s’infiltrent dans la circulation sanguine – sur la survenue de maladies chroniques telles que le cancer du poumon, la bronchopneumopathie chronique obstructive, l’asthme, la pneumopathie, l’AVC, l’infarctus, l’hypertension artérielle ou encore le diabète de type 2.
Selon la pathologie et le polluant considéré, il en ressort qu’« entre 12 et 20 % des nouveaux cas de maladies respiratoires chez l’enfant (soit entre 7 000 et presque 40 000 cas) et entre 7 et 13 % des nouveaux cas de maladies respiratoires, cardio-vasculaires ou métaboliques chez l’adulte (soit entre 4 000 et presque 78 000 cas) sont attribuables annuellement à une exposition à long terme à la pollution de l’air ambiant en lien avec les activités humaines », résume Santé publique France.
Certaines populations sont, sans surprise, « plus vulnérables » : à commencer par les enfants, davantage exposés à des maladies ultérieures en raison d’une capacité respiratoire en cours de développement, mais aussi les personnes âgées, les femmes enceintes, les travailleurs, les sportifs en extérieur et les fumeurs, a précisé Sylvia Medina, coordonnatrice du programme Air et santé de Santé publique France.
Près de 30 000 nouveaux cas d’asthme infantile évitables
Réduire les concentrations aux niveaux recommandés par l’Organisation mondiale de la santé (inférieures à 5 μg/m³ pour les PM2,5 et à 10 μg/m³ pour le NO2) permettrait d’éviter 75 % des cas de maladies liées à l’exposition aux particules fines (PM2,5) et près de 50 % pour celles liées au dioxyde d’azote (NO2), estime l’étude. On pourrait « éviter au niveau national presque 30 000 nouveaux cas d’asthme chez l’enfant (soit 15 % des cas d’asthme infantile). Et en région, ce chiffre varie entre 110 et 6 700 nouveaux cas (soit entre 11 et 19 %) », a illustré Sylvia Medina.
En revanche, si l’impact de la pollution de l’air sur les naissances prématurées et la survenue de maladies neurodégénératives comme les troubles autistiques ou Parkinson est aujourd’hui établi, les données actuelles ne permettent pas encore de les quantifier, a précisé Santé publique France. Tout comme pour les particules ultrafines (PM0,1). Comme l’a précisé Sylvia Medina, « la surveillance n’en est qu’à ses débuts, d’autres données sont nécessaires ».
Un « poids économique majeur »
Autre enseignement de cette étude : le « poids économique majeur » de l’impact de la pollution liée aux activités humaines. Il est chiffré à 12,9 milliards d’euros en lien avec les PM2,5, soit 199 euros par an et par habitant ; et à 3,8 milliards d’euros pour le NO2, soit 59 euros par an et par habitant. Ces données comprennent « la consommation de ressources médicales (consultations, médicaments, hospitalisations, transports…), les ressources perdues par la société (salaires, moindre accès au marché du travail, retraite anticipée) et la perte de bien-être pour les patients », a détaillé l’économiste Olivier Chanel, directeur de recherche CNRS à Aix-Marseille School of Economics.
Si les concentrations recommandées par l’OMS étaient respectées, ces bénéfices seraient respectivement de 9,6 milliards d’euros (soit 148 euros par an et habitant) et 1,7 milliard d’euros (soit 26 euros par an et par habitant). Une nouvelle directive européenne sur la qualité de l’air va durcir en 2030 les seuils de particules et de dioxyde d’azote. « C’est un premier pas qui supprimerait 15 % du fardeau total des maladies prises en compte dans notre étude », a estimé Guillaume Boulanger, de la direction santé, environnement, travail de SPF.
Comme l’a souligné la directrice de l’agence, ces travaux ont pour objectif « d’informer et d’orienter les décisions des autorités aux niveaux national et local » en mettant en avant « les bénéfices sanitaires et économiques d’une action collective sur l’amélioration de la qualité de l’air ». Et ce, dans tous les secteurs.
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