Dans le dossier Ascometal, les bonnes nouvelles sont si peu nombreuses qu’elles valent la peine d’être mises en lumière. Un mois après l’officialisation de sa reprise, avec l’ensemble de ses 323 salariés, le site de Fos-sur-Mer commence à prendre sa place au centre de la stratégie d’internalisation du groupe sidérurgique italien Marcegaglia, qui compte en faire son principal fournisseur d’acier décarboné. Dans les Bouches-du-Rhône, il est désormais question de passer de 8 à 30 coulées par jour.
Des négociations houleuses
Mais les autres usines d’Ascometal restent, elles, suspendues à l’issue de l’actuel redressement judiciaire, le troisième en dix ans. Ce vendredi 28 juin, le tribunal de commerce de Strasbourg statue sur les propositions de reprise des sites d’Hagondange (Moselle), Custines (Meurthe-et-Moselle) et le Marais, à Saint-Étienne (Loire), soit le « cluster auto », ainsi que les Dunes à Leffrinckoucke, dans le Dunkerquois (Nord). Or, ce jeudi après-midi, les derniers échos des négociations entre les émissaires de Bercy et les candidats repreneurs n’étaient vraiment pas bons.
Dans ce jeu de poker menteur de dernière heure entre industriels et fonds d’investissement en lice, dont le principe consiste à rafler la mise avec le plus d’aides publiques possible, l’un des protagonistes du dossier a définitivement quitté la table.
Le groupe italien Acciaierie Venete, qui était depuis fin 2023 en pourparlers exclusifs pour racheter Ascometal, avant de se recentrer sur Hagondange, a dans un premier temps prétexté le refus de l’État de prendre à sa charge les 15 millions d’euros de travaux de désamiantage des bâtiments, puis la grande incertitude politique liée à la dissolution, pour quitter le navire.
L’entrée de la Banque publique d’investissement dans son capital à hauteur de 18 millions, à la demande même de Venete, semblait pourtant envisageable pour renforcer ses fonds propres. Mercredi, le comité interministériel de restructuration industrielle, qui suit pour le gouvernement les dossiers d’entreprises en difficulté, a pris acte de la rupture.
« L’industriel aura laissé entrevoir beaucoup d’espoir avec son projet de reprise, avant de laisser beaucoup de désespoir, pour ne pas dire plus chez certains », déplore dans un communiqué la CFDT d’Hagondange. « Mais sur le fond, pouvait-on s’attendre à autre chose de la part de Venete ? Par son silence, l’accumulation de ses demandes, par ses courriers, sa position finale, souhaitait-il foncièrement reprendre Ascometal ? » se demande le syndicat.
Plus que deux offres
Ce jeudi, ne restaient plus que deux offres émanant de candidats extérieurs à la sidérurgie, cherchant à diversifier leurs activités. Et encore, l’une d’entre elles vacillait. Celle d’Europlasma. Le propriétaire des Forges de Tarbes (production d’obus), récent repreneur de Valdunes, s’est positionné dans les dernières semaines pour proposer une réorientation d’Ascometal vers l’acier d’armement et la fabrication de munitions de gros calibre, en rouvrant notamment le laminoir des Dunes et en reconvertissant l’outil de production à Hagondange. Jusqu’à hier, et l’annonce de son retrait. Une ultime manœuvre pour mettre la pression sur des pouvoirs publics dans leurs petits souliers en pleine période électorale ?
La deuxième offre en lice émane de Greybull Capital. Ce fonds d’investissement spécialiste du « retournement d’entreprise » s’est fait connaître en France à la fin des années 2020 avec sa reprise de l’usine de rails d’Hayange, désormais propriété de Saarstahl Rail. Là encore, le projet est de réduire la dépendance d’Ascometal à l’automobile et de diversifier les activités vers l’armement, la mécanique et le nucléaire.
Les dossiers Greybull comme Europlasma ont comme point commun la promesse de conserver les effectifs (autour de 600 emplois) à quelques dizaines de postes près, moyennant entre 40 millions et 100 millions d’euros de soutien public, sous forme de prêts ou de garanties ; moyennant aussi un coup de pouce de l’État pour se faire une place dans le secteur de la défense.
« Si repreneur il y a, nous demandons à l’État la mise en place d’une instance, avec les syndicats dedans, pour nous assurer du suivi des promesses d’investissement », prévient Philippe Verbeke. Et comme le pire est possible, à savoir une liquidation prononcée par le tribunal de commerce de Strasbourg ce vendredi, le coordinateur sidérurgie de la CGT prévient : « Dans ce scénario catastrophe, il est impossible que l’État ne nationalise pas, afin de trouver une solution avec les acteurs de la sidérurgie française. On a besoin d’Ascometal, avec ses aciers spéciaux verts, pour la transition écologique de notre industrie. »
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