C’est Gérald Darmanin sur X qui l’a annoncé dans la nuit de samedi à dimanche : l’assaillant présumé de la synagogue de La Grande-Motte (Hérault) a été interpellé samedi soir à Nîmes, dans le Gard. À 23 h 35, les hommes du Raid ont lancé l’assaut dans une tour du quartier Pissevin, le suspect aurait ouvert le feu et a été blessé au visage. Il s’agit d’un Algérien de 33 ans résidant légalement en France.
Sa garde à vue débutera « quand il aura été soigné », a précisé le Parquet national antiterroriste (Pnat), qui a ouvert une enquête pour « tentative d’assassinats en relation avec une entreprise terroriste, destructions par moyen dangereux en relation avec une entreprise terroriste et association de malfaiteurs terroriste en vue de préparer des crimes d’atteinte aux personnes ».
Un policier a été blessé
L’homme interpellé est celui qui apparaît sur les images de vidéosurveillance de la synagogue, en train de quitter les lieux en courant, après l’incendie et l’explosion. Un keffieh rouge sur la tête, un drapeau palestinien autour de la taille, il tient dans chaque main une bouteille en plastique contenant un liquide jaunâtre. À sa ceinture, dépasse ce qui pourrait être la crosse d’une arme de poing.
Le 24 août au matin, la synagogue Beth Yaacov Atlan, située dans une zone résidentielle de La Grande-Motte, a été la cible d’une attaque perpétrée à l’aide de plusieurs véhicules enflammés et d’une bouteille de gaz. Quatre bonbonnes se trouvaient sous la pergola, dans l’enceinte de la synagogue, près du barbecue.
« Celle qui a explosé aurait été ouverte par l’assaillant lui-même, dans le patio de la synagogue. Les trois autres étaient heureusement vides », a détaillé à l’AFP Stéphan Rossignol, le maire de la commune. À l’heure de l’attaque, cinq personnes se trouvaient dans le bâtiment, dont le rabbin, mais aucune n’a été blessée. La seule personne touchée est un policier municipal, victime, sans trop de gravité, du souffle de l’explosion.
Des actes antisémites en hausse depuis le 7 octobre
Le premier ministre et le ministre de l’Intérieur démissionnaires se sont rendus sur place quelques heures plus tard. « Si la synagogue avait été remplie de fidèles à ce moment-là, probablement il y aurait eu des victimes humaines. Nous pouvons considérer que nous avons échappé à un drame absolu », a commenté Gabriel Attal, précisant que 200 policiers avaient été mobilisés pour retrouver l’auteur de l’attaque.
Pour sa part, Gérald Darmanin a enjoint l’ensemble des préfets de France de « renforcer immédiatement la présence statique des forces de l’ordre devant les lieux de culte juif ». Présent dans l’Hérault, à Montpellier, à l’occasion de l’université d’été du PCF, Fabien Roussel s’est lui aussi rendu sur les lieux de l’attaque et a dénoncé « un acte grave et inadmissible ».
Cette attaque s’inscrit dans un contexte de forte hausse des actes antisémites sur le territoire français : 887 faits (agressions, menaces, appositions de croix gammées) ont été recensés au premier semestre 2024, contre 304 en 2023 à la même période. Ces actes ont bondi depuis les attaques terroristes du Hamas en Israël le 7 octobre et la riposte de l’État hébreu, qui a depuis dix mois provoqué la mort de plus de 40 000 Gazaouis et en a blessé près de 100 000.
« Il n’y a plus une seule semaine sans que l’actualité n’évoque l’antisémitisme, dans les actes ou les polémiques médiatico-politiques. On assiste dans le même temps à une augmentation rapide des actes islamophobes et racistes avec des attaques de mosquées, notamment à Cherbourg, Morlaix et Montauban », a dénoncé SOS Racisme en appelant, aux côtés de la Ligue des droits de l’homme, du Réseau d’actions contre l’antisémitisme et tous les racismes, des Guerrières de la paix, du Mrap, de la FSU, de l’Unef, à se rassembler dimanche soir « contre l’antisémitisme et tous les racismes ».
« On se rassemble avec d’autres organisations de gauche pour signifier que l’on ne s’habituera jamais à l’antisémitisme et que les juifs ont toute leur place en France, explique Lorenzo Leschi, porte-parole du Golem, à l’initiative de la manifestation. Il faut vraiment prendre la mesure de la violence qu’ils subissent, de leur souffrance, face à laquelle les autorités semblent impuissantes. On attend une prise en compte des juifs de France au-delà des enjeux électoraux. Cela peut passer par une meilleure régulation des réseaux sociaux, qui permettent la diffusion d’un climat antisémite favorisant les passages à l’acte, notamment en laissant entendre que les juifs de France sont responsables ou complices de la guerre que mènent les dirigeants israéliens à Gaza. S’en prendre aux personnes juives n’aide en rien la cause palestinienne, elle ne fait au contraire que l’affaiblir. »
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