L’entreprise est comme son fondateur. Elle ne paie pas de mine. Créée par Palmer Luckey, éternel post-adolescent à la coupe mulet et à la chemise hawaïenne qui a fait fortune en vendant à Facebook son casque de réalité virtuelle pour faire du jeu vidéo, Anduril vient pourtant de gagner devant Microsoft un contrat de 22 milliards de dollars avec le ministère états-unien de la défense : le programme Ivas. « Mon point de vue idéologique est que les États-Unis ne devraient pas être la police du monde, nous devrions être le magasin d’armes de nos alliés », expliquait début mars Palmer Luckey dans un long podcast au Wall Street Journal.
Pour comprendre ce qu’est le programme Ivas, il faut revenir en 2018, au premier mandat de Donald Trump – que Luckey soutenait déjà activement et financièrement – quand Anduril fut engagé pour ériger un mur virtuel à la frontière mexicaine.
L’entreprise avait conçu des tours, de véritables sentinelles autonomes, truffées de capteurs et de caméras. Lorsque quelque chose plus gros qu’un chat était détecté, un garde-frontière chaussait un casque de réalité virtuelle pour voir s’il ne s’agissait pas d’un clandestin. Pour affiner l’image en cas de doute, il pouvait envoyer des drones, avant de mobiliser, en dernier recours, une intervention humaine.
« Anduril est orienté vers la guerre à Taïwan contre la Chine »
Mais c’est la guerre en Ukraine qui a fait le succès de Luckey. Anduril y est arrivé dès la deuxième semaine du conflit, pour y installer ses capteurs. L’entreprise est devenue un atout majeur dans la défense antiaérienne et antidrone du pays. Plutôt que de chercher à développer le radar le plus performant du monde, Anduril préfère un maillage de milliers de capteurs pas chers, pilotés par son logiciel maison, Lattice (treillis en anglais), qui permet