Si la hausse des prix et les difficultés économiques jouent un grand rôle dans le recul de la consommation de bio aujourd’hui, il ne faut pas sous-estimer le pouvoir qu’exerce la grande distribution sur les comportements des consommateurs.
Pour comprendre la part de responsabilité de la distribution alimentaire, la Fondation pour la Nature et l’Homme (FNH), dont l’objet est d’assurer une sensibilisation aux questions environnementales, a mené́ une enquête auprès des huit principaux acteurs de la grande distribution généraliste entre décembre 2024 et février 2025 (pesant 60 % des ventes de produits alimentaires en France) : Leclerc, Intermarché, Coopérative U, Carrefour, Lidl, Auchan, Aldi et Monoprix.
Les résultats de l’enquête démontrent qu’aucun groupe n’affiche désormais d’objectif chiffré en matière d’agriculture biologique. Mais aussi que la part d’offre de produits biologiques est limitée et trop peu visible en magasin, que le bio est victime de l’opacité des prix et qu’il est quasi exclu de la communication.
La vente de produits suivant les principes de l’agriculture biologique a baissé de 12 % en grande distribution entre 2020 et 2023. Pourtant, dans les années 2010, le secteur biologique était sur la bonne voie, se popularisant sous l’impulsion des pouvoirs publics et de la distribution. « Nous devons démocratiser le bio, ce n’est pas que pour les Bobos », affirmait François Hollande, alors président, lors de l’inauguration de la Halle Bio de Rungis en 2016. Démontrant ainsi un avenir radieux pour le secteur, qui, à travers la création d’espace dédié de produits bio en supermarché, l’ouverture de concepts spécifiques (Naturalia, Carrefour Bio) ou encore l’investissement publicitaire fort, pouvait espérer le meilleur.
« Aujourd’hui, les enseignes qui ne sont pas à la hauteur vont devoir mettre le pied à l’étrier pour atteindre les objectifs de surfaces bio (21 % de surface agricole utile en bio d’ici 2030 – loi d’orientation agricole votée en février 2025), mais aussi pour augmenter la part de produits biologiques dans la consommation à domicile, décrypte Thomas Uthayakumar, directeur du plaidoyer à la FNH, il faut fixer des objectifs ambitieux pour atteindre au moins 12 % de bio dans le chiffre d’affaires des enseignes d’ici 2030 (4 % en 2025) ».
Bio de l’agence
Alors que des débats parlementaires autour de la suppression potentielle de l’Agence BIO ou la réintroduction des objectifs de surface bio dans la Loi d’orientation agricole ont lieu, la fondation propose de doter les structures de moyens suffisants pour promouvoir le secteur.
« L’Agence BIO, c’est n’est que 500 000 euros pour promouvoir le secteur biologique en matière de communication. C’est seulement quelques millions d’euros de budget total. Il faut réfléchir à la structuration d’une démarche interprofessionnelle de manière à ce que les différents acteurs puissent donner un nouveau boost, un nouvel élan à l’agriculture biologique », conclut le directeur du plaidoyer à la FNH.
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