Il aura fallu 15 heures pour venir à bout des discussions. Le procès de Stéphane Plaza, jugé pour violences sur deux de ses anciennes compagnes, s’est à nouveau ouvert ce jeudi 9 janvier à 9 h 30 au tribunal correctionnel de Paris. Il avait été renvoyé le 28 août dernier, en raison de « fragilités psychologiques » invoquées par l’animateur de M6. En réalité, ce n’est qu’en début d’après-midi que le fond de cette affaire a été traité, pour un procès qui s’est terminé après minuit.
L’ensemble de la matinée a été consacré à la présentation des questions de nullité déposées par la défense. Également présidente du pôle « violence conjugale », la procureure a regretté la « mauvaise foi » de la défense, actant qu’il s’agissait d’un débat « de fond et non pas de forme ». « J’ai le sentiment très désagréable que l’audience se déplace, a déclaré le ministère public. Médiatique ? Oui, ce procès l’est. Hors normes ? Non. Il est d’une triste banalité. »
Un coureur de jupons qui tente de s’assagir
Ces longues heures, monopolisées par la défense – qui reprochait notamment une enquête à charge, le manque de transparence de certaines pièces du dossier, des examens médicaux ne rentrant pas dans les procédures – n’ont été que la bande-annonce de l’audience tenue l’après-midi.
Et d’un argumentaire de Stéphane Plaza, basé sur un processus de victimisation quant à une supposée vengeance « en bande organisée » des plaignantes. Pour sa dernière prise de parole, d’une voix tremblante, à la limite des pleurs, il a évoqué des envies suicidaires une nuit de décembre 2022 : « Je suis monté sur ma rambarde, au cinquième étage. Pendant 30 secondes, je voulais en finir. La seule chose qui m’a fait renoncer, c’est que si je le faisais, on allait croire que j’étais coupable. »
L’agent immobilier de M6 est accusé de « violences habituelles physiques et/ou psychologiques par concubin » entre août 2018 et avril 2022 sur Jade, ainsi que pour des « violences habituelles psychologiques par concubin » sur Eva1, entre décembre 2021 et septembre 2022. Une incapacité de travail (ITT) supérieure à huit jours a été établie pour chacune des deux femmes.
Un trouble de la coordination en guise d’excuse
Tout au long de l’audience, Stéphane Plaza, vêtu d’un costume bleu marine, réfute ces accusations : « C’est très simple, ce sont des calomnies. » Qu’il s’agisse de l’étranglement, du colis jeté au visage, de morsures sur l’épaule et la cuisse d’Eva, l’animateur nie. « Je suis loin d’être parfait, j’ai des failles. Mais je n’ai jamais été violent. ».
Sa compagne actuelle, qu’il fréquente depuis 2018, confirme ses propos à la barre en tant que témoin. Trois autres femmes, également témoins, viendront peindre le portrait d’un homme, certes infidèle, mais « doux et attentionné ». Pour l’avocate d’Eva, Me Clothilde Lepetit, « On est dans la théorie du Don Juan. Ce sont des femmes vengeresses qui ont été trompées par M. Plaza et qui veulent se venger. Mais ce n’est pas ça l’histoire ! »
Concernant la fracture et les deux luxations aux doigts diagnostiquées sur Jade à la suite d’un épisode violent – et attestés par certificat médical -, le quinquagénaire évoque « un accident ». Il plaide sa dyspraxie (trouble de la coordination), qu’il justifie à la barre en montrant ses bracelets au poignet droit « pour se repérer ». « Je suis maladroit, je ne contrôle pas ma force. J’ai déjà blessé quelqu’un rien qu’avec une poignée de main. » Maître Chouai, avocat de Jade, n’est pas dupe : « Il ne voulait peut-être pas ces conséquences, mais son geste était volontaire ! » Le conseil précise que lui-même est dyspraxique, mais n’a « jamais cassé le doigt de personne ».
Un discours qui tourne parfois à la victimisation
Une dyspraxie et un trouble de l’attention ? Plusieurs fois durant la séance, l’agent immobilier s’est montré amusant et amusé par certaines situations et propos. Malgré une nervosité apparente, il arrive à faire esquisser des sourires dans la salle avec des détails impromptus : « Quand je dors, je ronfle », mais aussi « j’avais un père sportif », lorsqu’il remet en question l’anatomie quant à la blessure de son ex-compagne. Il pouffera même quand celle-ci évoquera avoir « senti ses postillons, tant il était proche et me criait dessus ».
Mais l’animateur « tombe de haut » lorsqu’on dénonce ses violences psychologiques, dénigrement, humiliations, injures. Il déclare « aimer les femmes, peut-être un peu trop », et tente de redorer son image : « Pour moi, la femme, c’est ce qu’il y a de plus beau. Je me suis engagé dans des associations, j’ai tout fait pour les femmes. » Un discours qu’il tient plusieurs fois face au président, tel un leitmotiv. Et qui tourne parfois à la victimisation : « Je suis un pétochard ! C’est plutôt elles qui me protègent. »
« Combien de chameaux vous m’offrez pour Jade ? »
Pourtant, les témoignages des deux plaignantes ne laissent pas penser qu’il les considère comme des égales. Eva raconte que Stéphane Plaza la dénigre sans cesse sur son physique : « Je n’avais plus d’estime pour moi », raconte-t-elle à la barre. Afin de lui plaire, la quadragénaire a réalisé une augmentation mammaire dans le but d’avoir « un regard de sa part ».
Aujourd’hui l’agent immobilier affirme : « Puisqu’on rentre dans les détails, je préfère les petites poitrines. Et si je l’avais demandé, je l’aurais payé. » À cette dernière phrase, l’ensemble de la salle réagit par un souffle désabusé. À la suite de l’opération esthétique, Eva dit avoir été traitée de « bimbo » par l’animateur. Celui-ci a même lancé, dans un audio enregistré à son insu : « Ce n’est pas digne d’une blonde de se foutre de gros nibards comme ça. »
De son côté, Jade revient sur un voyage au Maroc réalisé dans le cadre professionnel. La styliste, aujourd’hui vêtue sobrement d’un jean noir et d’un pull gris, se souvient de blagues douteuses et insistantes lors d’un dîner avec des clients : « Il me présentait comme une cow-girl, un cadeau. Il avait demandé à son client : « Combien de chameaux vous m’offrez pour Jade ? » ». Il s’excuse de cette « mauvaise blague » prononcée en 2018 et déclare : « Les mentalités ont évolué, je ne la referai plus aujourd’hui. » Avant de repartir à sa place, elle lâchera que « la notoriété ne devrait pas être un passe-droit ».
Après presque 15 heures de ping-pong entre les deux parties, la procureure de la République a requis 18 mois d’emprisonnement avec sursis simple, une interdiction d’entrer en contact avec les victimes pour trois ans, ainsi qu’une amende de 10 000 euros et l’interdiction de porter une arme pendant cinq ans. Le délibéré sera rendu le 18 février prochain.
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