L’interrogation orale était un peu particulière pour l’ancien ministre de l’Éducation nationale, mardi 18 février. François Bayrou, maintenant chef de gouvernement, était sous le feu des questions des députés concernant ce qu’il savait ou ne savait pas ou feignait d’ignorer de l’affaire Bétharram – 114 plaintes déposées pour des violences ou des violences sexuelles dans les années 1950 à 2010 contre des responsables de l’établissement privé catholique proche de Pau.
« Ce matin, dans le quotidien la République des Pyrénées, l’enquêteur de la section de recherche au moment des faits affirme que le défèrement a été retardé parce que le procureur général voulait voir ce dossier suite à une intervention de M. Bayrou (alors ministre de l’Éducation – NDLR). Est-ce que ce militaire de la gendarmerie a menti ? » a attaqué Colette Capdevielle, députée socialiste des Pyrénées-Atlantiques.
Renvoyer la responsabilité à la gauche
Sur la défensive, le chef de gouvernement a répondu qu’il avait reçu, samedi, l’association de familles des victimes. « Ils ont exprimé plusieurs choses (…) bouleversantes », a-t-il confié avant de préciser qu’elles avaient dit détester « la récupération politique qui est en train d’être faite. Ils trouvaient cela haïssable parce qu’ils disaient que ça les privait de leur histoire ». Il a rappelé qu’en 1996, saisi des faits, il avait diligenté une inspection.
La contre-offensive, côté gouvernement, est désormais prête : renvoyer la responsabilité à la gauche plurielle, au gouvernement à partir de 1997. « Si je ne savais pas, d’autres savaient, attaque François Bayrou. J’affirme devant vous que le procureur général a tenu informée la chancellerie à quatre reprises sur ces affaires sur l’année 1998. Il l’a fait téléphoniquement le jour de l’interpellation et ensuite à trois reprises par écrit en signalant la gravité des faits. »
Il rappelle alors que la ministre de la Justice de l’époque était la socialiste Élisabeth Guigou et celui de l’Éducation, Claude Allègre. « Je pose la question à mon tour : qu’est-ce qui a été fait après les signalements du procureur général ? »
« Un menteur ne peut pas gouverner la France »
Quelques minutes plus tard, c’était au tour du député insoumis Paul Vannier de revenir à la charge. « Monsieur le premier ministre, quelles mesures avez-vous prises après avoir reçu, en 1996, (…) un rapport d’inspection sur Bétharram faisant état de châtiments corporels et de problèmes dans la conception de la discipline dans l’établissement ? » a-t-il, entre autres, demandé. Réplique identique du ministre de la Justice Gérald Darmanin : « La question des relations entre la justice et le pouvoir politique de l’époque mérite d’être répondue (sic) par d’autres personnes que nous. »
Faute de réponse, Paul Vannier en conclut : « En mentant à la représentation nationale, vous vous êtes disqualifié. Un menteur ne peut gouverner la France. Démissionnez ! »
Mercredi 19 février, le locataire de Matignon essuiera une motion de censure déposée par le PS, notamment pour dénoncer les passerelles que lui et le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau installent avec l’extrême droite. Elle ne devrait pas être adoptée. Le RN, refusant de la voter, reste pour le moment le sauf-conduit du gouvernement.
Le journal des intelligences libres
« C’est par des informations étendues et exactes que nous voudrions donner à toutes les intelligences libres le moyen de comprendre et de juger elles-mêmes les événements du monde. »Tel était « Notre but », comme l’écrivait Jean Jaurès dans le premier éditorial de l’Humanité.120 ans plus tard, il n’a pas changé. Grâce à vous. Soutenez-nous ! Votre don sera défiscalisé : donner 5€ vous reviendra à 1.65€. Le prix d’un café.Je veux en savoir plus !