Après la désaffection des métiers d’infirmier et d’aide-soignant, c’est celui de médecin qui est touché. Malgré un fort attrait initial chez les jeunes, nombreux à vouloir s’inscrire dans la filière médicale, nous constatons l’abandon de 5 à 10 % des étudiants en cours d’études. À cela s’ajoute un phénomène plus alarmant : l’arrêt pur et simple du métier en cours d’exercice, qui concerne principalement les médecins généralistes.
Alors que la médecine a toujours été considérée comme une voie royale ouvrant à des métiers valorisants, comment expliquer cette situation ? Concernant les étudiants, les conditions d’études sont mises en avant. Stress en première année lié au concours, avec des réformes incompréhensibles fermant la porte à ceux qui sont peut-être parmi les plus motivés au départ. Le coût des études, lié notamment à leur longueur, est aussi souvent évoqué. Mais ce qui est le plus souvent cité, ce sont les mauvaises conditions d’accueil dans les stages hospitaliers liés principalement à la dégradation du fonctionnement des hôpitaux soumis à des contraintes financières avec un manque de personnels médicaux et non médicaux. Résultat : une utilisation des étudiants hospitaliers comme main-d’œuvre de substitution pour d’obscures tâches peu intéressantes et peu formatrices. Ainsi, les internes suppléent les médecins en sous-effectif, enchaînent des horaires de travail démentiels, souffrent d’un encadrement défaillant et se retrouvent souvent seuls en responsabilité de la prise en charge des patients. Ajoutons un environnement hospitalier souvent délétère, avec un encadrement brutal, harceleur, et des comportements sexistes alors que près de deux tiers des étudiants sont des étudiantes. Tout cela est source d’une charge physique et psychologique insupportable pour un nombre croissant d’étudiants et que reflète un sondage récent indiquant que 40 % d’entre eux ont déjà pensé arrêter leurs études.
Concernant les médecins généralistes qui ferment leur cabinet, les raisons sont la lourdeur du travail avec une faible reconnaissance par les autorités politiques et sanitaires qui rendent leur exercice de plus en plus difficile en leur opposant en permanence des plans d’économies pour combler le soi-disant trou de la Sécu. Alors que la population souffre d’un manque cruel de professionnels de santé, notamment de médecins, il y a urgence à un changement de politique vis-à-vis de ces métiers parmi les plus utiles socialement.
Il faut arrêter de considérer les étudiants comme une main-d’œuvre à bon marché taillable et corvéable à merci et il faut les encadrer pour leur apprendre les différentes facettes de leur métier, avec pédagogie et bienveillance. Quant aux médecins en exercice, il est urgent de faire de la médecine générale la priorité, tant au niveau des études que des conditions d’exercice matérielles et financières.