C’est l’architecte Rudy Ricciotti qui assurera la conception du conservatoire de Nîmes, pour un montant global de 29,9 M€ TTC. Les travaux de l’édifice de près de 4000 m2 seront achevés courant 2029 annonce la mairie.
“Alléluia”, lance Daniel-Jean Valade pour saluer la nomination du Provençal Ruddy Ricciotti comme architecte en charge de la conception du nouveau conservatoire de Nîmes. C’est dire la fierté de l’équipe nîmoise de compter sur une pointure pour mener à bien “ce projet auquel est très attaché Jean-Paul Fournier”, comme l’a rappelé Sophie Roulle, adjointe à la culture, qui a représenté le premier édile absent pour cause de santé. “Ce projet est celui d’une réhabilitation lourde dans un quartier qui en a besoin. C’est donc un choix fort de la Ville en termes d’implantation que de réaliser à cet endroit le futur phare culturel de Nîmes. Car c’est bien là que sera mise à l’honneur la transversalité du conservatoire avec l’ensemble des acteurs culturels : le théâtre de Nîmes, l’Esban, les associations artistiques..”
Reprendre vie
Car c’est bien aux Carmes en lieu et place des anciens locaux occupés par les étudiants d’Unîmes (qui déménagent à Hoche) que le conservatoire va (re) prendre vie. Comme le rappelle Daniel-Jean Valade, bien que très mauvais élève du conservatoire qu’il fréquentait alors qu’il était âgé de 5 ou 6 ans, “l’édifice était déjà délabré”. Alors imaginez en 2024 !
Et pour redonner à cet élément essentiel d’une cité, la municipalité en choisissant Ricciotti a pris le d’un projet architectural ambitieux : celui de l’insertion dans l’existant. En effet, pour l’architecte poète, “hors de question de tout raser pour reconstruire, car pour moi, fils du peuple, qui a grandi à Port Saint-Louis du Rhône, ce serait faire de l’impérialisme architectural ! “, lance, avec panache l’architecte présent dans la cité des Antonin à l’occasion de la présentation du projet, ce mardi 10 décembre. “Ce projet est en fait très complexe. J’aurais préféré avoir à construire le musée de la Romanité !”(il avait participé à l’appel d’offres pour la construction de ce dernier et n’avait pas été retenu au profit d’Elizabeth de Portzamparc, NDLR).
“Non à l’impérialisme architectural !”
Rires dans la salle. “Ce projet m’inquiète beaucoup car il est très difficile. On travaille avec ce qui existe, dont cette très belle façade”. Pour mémoire, le bâtiment d’origine est un théâtre style Renaissance, construit au milieu du XIXe siècle. Incendié par deux fois avant la fin du XIXe siècle, il sera reconstruit quasi entièrement, à l’arrière de sa façade patrimoniale. À la fin des années 1990, le site est à nouveau totalement rasé mais sa façade baroque est précieusement conservée et accueille l’Université.
Rudy Ricciotti poursuit sérieux : “Le tout avec un budget vraiment très serré de 15 M€ hors taxe. Autant vous dire que j’ai très peur de me planter et d’être interdit de revenir dans les arènes et dans la ville de Nîmes. Ce serait terrible lorsqu’on sait qu’en 30 ans, je n’ai raté qu’une seule feria ici ! Et comme je veux éviter de mettre dans la merde les élus pour lesquels je travaille, je vais devoir aborder tout cela comme un acte médical, avec beaucoup de conscience”.
4000 m2 de surfaces utiles
Ce projet porte, “entre 3000 et 4000 m2 de surfaces utiles, en plein centre-ville”, comme le rappelle Laurent Gourdel, adjoint aux finances. “Les attentes de la Ville pour le nouvel équipement se sont attachées au respect de la façade patrimoniale, la redynamisation des façades latérales (rue Séguier et jardin du bâtiment Foster), la lecture transparente de l’établissement par rapport au centre-ville (ouverture factuelle de l’établissement sur la Ville)”.
À partir de ces exigences, Rudy Ricciotti a imaginé un bâtiment entièrement reconstruit, en structure béton (poteaux béton armé / poutres en béton précontraints et voiles refends) dont il est le chantre. Une enveloppe extérieure constituée de voiles et de panneaux préfabriqués en béton. Le couvert étant quant à lui assuré par des toitures en zinc et des terrasses. Un ensemble beau et harmonieux dans lequel seront répartis les six grands pôles d’activité du conservatoire : administration, accueil et convivialité, diffusion, formation musicale, chorégraphique et art dramatique, pratiques individuelles et pratiques collectives.
Offrir l’accès à la lumière naturelle
“J’ai un profond désir de ramener dans ces espaces de création la lumière naturelle. C’est un combat. Comment voulez-vous que des jeunes se passionnent pour de la musique ou les arts, s’ils n’ont pas accès à la lumière naturelle. Les salles de concerts et de spectacle sont toujours dans le noir, il faut que l’apprentissage se fasse dans la lumière”, assure, passionné, l’architecte mondialement connu.
D’un point de vue énergétique, des pompes à chaleur et des centrales de traitement d’air seront proposées. Le projet prévoit une extension en attique (dernier niveau) en structure bois. Via le confort thermique du bâtiment, la Ville cherche à assurer la sécurité sanitaire et le confort des occupants : confort d’été, qualité de l’air, confort visuel et qualité de l’éclairement naturel, cohérence de la fonctionnalité avec mise en évidence de repères pour l’utilisateur. L’accent sera mis sur la maîtrise du confort de mi-saison. L’été étant une période creuse dans l’utilisation du bâtiment. L’auditorium sera climatisé pour répondre aux exigences des périodes de canicule.
Néanmoins, l’auditorium de 120 places qui intègre pour la première fois le conservatoire répondra aux règles en la matière afin que des concerts et spectacles puissent s’y dérouler. Car bien plus qu’un conservatoire de musique, la Ville de Nîmes a souhaité donner vie à un lieu pluridisciplinaire ouvert sur la cité et agréable à fréquenter.