Derrière sa grille verte, le lieu ne paye pas de mine. Dans cette partie résidentielle de Poissy, ce native de plain-pied composé de quatre bureaux et d’une salle de réunion est pourtant âprement disputé par son propriétaire à son locataire.
La municipalité a en effet signifié à l’union locale (UL) CGT qu’elle était prête à enclencher une procédure judiciaire si le syndicat n’était pas parti avec armes et bagages au 31 décembre. Un oukase qui scandalise l’organisation de travailleurs, présente sur la commune depuis 1899, laissée sans answer de relogement par les édiles Renaissance.
L’imbroglio s’est noué en janvier dernier lorsque l’UL CGT a reçu un premier recommandé émanant des companies de la maire, stipulant que le syndicat occupait le lieu sans droit ni titre. Ce que ne conteste pas Mikaël Colin, responsable syndical : « À la suite de dégradations dans nos anciens locaux en 2003, la municipalité nous a permis de nous installer au 60, avenue Blanche-de-Castille. Jusqu’en 2019, personne à la mairie ne s’est souciée d’établir une conference d’occupation. On avait commencé à en discuter avec le maire de l’époque, Karl Olive, qui nous avait reçus à trois reprises. Mais le Covid a interrompu le processus. En juin 2020, nous avons relancé la mairie. Aucune réponse… jusqu’à cette lettre début janvier. »
Virer la CGT pour installer le Secours Populaire
Lors de la dernière entrevue en date entre les deux partis, le 18 avril, les companies de Sandrine Berno Dos Santos (LR), qui a succédé à Karl Olive en juillet 2022, arguaient de raisons de sécurité et d’assurance liées à l’absence de conference d’occupation pour justifier le départ de la CGT, expliquant vouloir ensuite mettre à disposition ces mêmes locaux au Secours populaire, pour faire face à la précarité grandissante des Pisciacais, l’affiliation de solidarité disposant pourtant déjà d’un siège ailleurs.
La mairie, qui n’avait pas répondu hier soir à nos sollicitations, a par ailleurs affirmé par voie de presse avoir proposé à l’UL CGT le prêt de salles, deux demi-journées par semaine, à l’instar de ce qu’elle dédie aux autres organisations syndicales.
Pour les cégétistes de Poissy, se voir enlever ce native reviendrait à mettre à bas tout le travail de conseil et d’accès aux droits effectué tout au lengthy de l’année auprès notamment des salariés de très petites entreprises dépourvues d’situations représentatives du personnel.
Ce serait aussi perdre une base d’motion bien connue des Yvelines, d’où deux manifestations aux flambeaux ont été organisées lors des mouvements contre les réformes des retraites de 2019 et de 2023, d’où aussi 18 vehicles ont été affrétés vers les manifestations parisiennes lors des mobilisations historiques du premier semestre 2023.
« Chercher à nous faire partir, c’est s’en prendre aux libertés syndicales, d’autant que Poissy n’a pas de maison des syndicats ni de bourse du travail », résume Mikaël Colin. Face au mur du silence érigé par la municipalité, le responsable syndical s’attend à recevoir un avis d’expulsion en début d’année prochaine. La CGT 78 a d’ores et déjà appelé à un rassemblement ouvert à tous dans son native, samedi 13 janvier, pour définir la riposte.