C’est la blague la plus rémunératrice jamais vue. Le nouveau président des États-Unis et son épouse ont lancé chacun un memecoin : un cryptoactif normalement à visée humoristique, qui n’a d’autre but que de les soutenir. On peut en acheter via des plateformes de change ou même directement sur le site du président milliardaire avec une carte Bleue.
« Il est temps de célébrer notre victoire », a lancé Trump en appelant ses électeurs à lui envoyer de l’argent. Le pire est que cela marche ! Les $TRUMP s’échangeaient ce lundi à 60 dollars, pour 12 milliards d’encours, quand l’ensemble des $MELANIA vendus s’approchaient des 2 milliards.
Ces « monnaies » sont émises par CIC Digital LLC, une filiale de la Trump Organisation, et le président entend multiplier par 5 la quantité à distribuer d’ici trois ans ! La première journée, le profit net pour Donald Trump aurait dépassé les 500 millions de dollars, et il détenait encore 80 % des jetons émis.
Un cas d’école de conflit d’intérêts
Virtuellement et au cours de la journée du 20 janvier, le patrimoine financier de Donald Trump a gonflé de près de 60 milliards de dollars en cryptoactifs. Juste grâce à un memecoin, qui n’existait même pas ce vendredi.
Il y a quelque chose de vertigineux à l’idée que le président des États-Unis lance une monnaie-blague à son propre profit, alors qu’il s’apprête à nommer le futur patron du gendarme de la Bourse. Le précédent avait anticipé son licenciement, causé par sa volonté de réguler les cryptomonnaies.
Légalement, ce que vient de faire Trump pose question : est-ce une arnaque ? Un délit d’initié ? Un énorme conflit d’intérêts en tout cas, d’autant qu’avec ses fils le président lance également une plateforme de vente et de change de cryptomonnaies : World Liberty Financial.
Les Trump investissent un secteur ultra-spéculatif, dont ils contrôlent la régulation. Le président des États-Unis, pour son propre profit personnel, en arrive à critiquer le dollar, le rôle intrusif de la Banque centrale, reprenant sans le citer les théories de Friedrich Hayek sur la concurrence des monnaies privées.
Donald Trump avait déjà financé une partie de sa campagne avec ce type de memecoin : le Maga avait atteint plusieurs centaines de millions de dollars de capitalisation, tandis qu’il avait vendu des NFT, des sortes de cartes numériques à collectionner, à son effigie, pour 4 millions de dollars. Il vend aussi ses propres produits dérivés : casquettes, t-shirts, bibles dédicacées, montres… Mais il s’est aperçu qu’il pouvait vendre du rien, de la monnaie de singe, à bien davantage d’acheteurs.
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