C’est avec un goût bien amer que les femmes de chambre de l’hôtel Radisson Blu à Marseille ont savouré leur victoire contre l’entreprise de sous-traitance de ménage dans l’hôtellerie Acqua les employant. En grève depuis soixante-cinq jours, les 15 salariées qui revendiquaient une rémunération digne et de meilleures conditions de travail ont enfin obtenu gain de cause, le 31 juillet. Au menu du protocole d’accord arraché de haute lutte à la direction d’Acqua : restriction de la clause de mobilité, limitant les déplacements sur d’autres sites du groupe à trois jours mensuels (illimités jusqu’ici), et l’obtention d’un 13e mois.
Mais si les chants et bruits de casseroles qui résonnaient chaque matin à 9 h 30 devant l’hôtel quatre étoiles, sur le Vieux Port, ne retentissent plus depuis un mois, ce n’est pas le fruit de négociations apaisées. En effet, ce jeudi 29 août, la dernière des 15 grévistes est attendue au commissariat de Noailles à Marseille, avec son avocate, pour répondre à des accusations de « violences en réunion » et de « dégradation de matériel », à la suite d’une plainte déposée par le Radisson Blu. Les 14 autres femmes de chambre mobilisées ont également été auditionnées tour à tour, en seulement trois jours, pour les mêmes motifs, alors qu’elles étaient encore en pourparlers avec leur employeur.
Une grève « exemplaire, festive et non violente »
Fin juillet, Ansmina, déléguée du personnel, accompagnée de certaines de ses collègues, est à la table des négociations lorsqu’elles reçoivent un SMS les convoquant à ces rendez-vous avec les services de police. « Cette procédure a clairement été un moyen de pression exercé sur nous pour précipiter la signature de l’accord », regrette-t-elle.
Elle a d’ailleurs très rapidement appris que les coordonnées des 15 femmes de chambre venaient directement de l’entreprise prestataire qui les salarie. « Cette grève, exemplaire, festive et non violente, s’est déroulée sous les yeux de clients pour la plupart solidaires, de passants, de députés, d’associatifs et de syndicats », souligne l’avocate au barreau de Marseille, Clara Merienne.
Il s’agit, selon elle, « d’une pure instrumentalisation de la justice pénale servant à réprimer les revendications sociales de ces femmes de chambre ». La juriste en charge de leur défense ajoute que « ce genre de méthode met en lumière les limites de la sous-traitance qui a permis à l’hôtel de luxe d’avoir recours à la justice contre des grévistes du fait qu’il ne les emploie pas directement ». Pour Ansmina, « cet accord signé sous pression, qui a permis d’obtenir quelques droits, est loin d’être suffisant ».
Avant de partir, une dernière chose…
Contrairement à 90% des médias français aujourd’hui, l’Humanité ne dépend ni de grands groupes ni de milliardaires. Cela signifie que :
nous vous apportons des informations impartiales, sans compromis. Mais aussi que
nous n’avons pas les moyens financiers dont bénéficient les autres médias.
L’information indépendante et de qualité a un coût. Payez-le.Je veux en savoir plus