À midi pile, les blouses ont été rangées au vestiaire. Si une partie du personnel de l’institut médico-éducatif (IME) « Portes de Garonne », basé à Marquefave (Haute-Garonne), a décidé de se mettre en grève illimitée ce mercredi 22 novembre, c’est que la coupe est pleine.
Après des signalements à la course du groupe Reso (propriétaire de l’IME), devant laquelle ils sont allés ensuite manifester, à l’Agence régionale de Santé, des droits d’alertes au CSE…, les salariés ne savent plus remark dénoncer leurs circumstances de travail. « Nous avons connu 45 départs dont 5 adjoints de course sur un effectif de 90, explique Corinne Bourgeois, éducatrice spécialisée et élue Sud. Nous n’arrivons plus à réaliser nos missions correctement. Depuis l’arrivée de la nouvelle directrice de l’IME en 2021, la souffrance a augmenté. Une enquête a montré que, fin 2022, 82 % des salariés allaient au travail avec la boule au ventre. »
Saisie sur la problématique des risques psychosociaux, l’inspection du travail avait envoyé un courrier à l’affiliation Reso, en mai 2023, estimant « qu’un tel turn-over est tout à fait anormal » tout en pointant « une cost de travail trop importante face à un sous-effectif devenu chronique ». Contactée par l’Humanité, la directrice générale du groupe Reso, Christèle Cammas précise de son côté « qu’il y a eu des départs ces dernières années mais aussi des arrivées. »
« On manque de matériel et nos locaux ne sont pas adaptés »
Selon les syndicats, c’est depuis septembre 2022, que la state of affairs n’aurait cessé d’empirer. « Comme la directrice de l’IME décide de tout toute seule, elle nous a imposés, à ce moment-là, une nouvelle organisation, raconte Thierry Girard, éducateur spécialisé et secrétaire CGT du CSE. Au lieu de quatre groupes de sufferers, nous sommes passés à deux : un pour les moins de 16 ans et un autre pour les plus de 16 ans. Ce deuxième groupe est plus essential, ce qui pose des problèmes de prise en cost. Ça devient du gardiennage et beaucoup moins du soin et de l’éducatif. On ne peut pas faire les médiations prévues », déplore-t-il. Et quand un jeune explose, c’est encore plus dur à gérer. »
À la rentrée 2023, la pression est encore montée d’un cran. Le finances de fonctionnement aurait été fortement réduit. « Nous sommes revenus au niveau de 2018 et quand on demande “pourquoi” , nous n’avons pas d’explications… La nouvelle est tombée en plein mois d’août alors que nous avions déjà travaillé nos médiations. Ça équivaut à nous demander de nous saborder nous-même », regrette Thierry Girard.
Malgré ce cadre financier contraint, les jeunes dans des conditions complexes, passant par le dispositif GOS (groupe opérationnel de synthèse), doivent toujours impérativement être pris en cost par un IME. « On se retrouve avec les cas les plus lourds », résume le cégétiste.
« On nous demande notamment de prendre en cost dans les établissements des sufferers plus jeunes. Des choix ont été faits », objecte la directrice générale du groupe, ajoutant : « Je peux entendre des difficultés mais je ne partage pas tout ce qui a été dit, notamment, en termes de restriction budgétaire. »
Ces coups de rabots semblent pourtant se répercuter sur l’accueil des sufferers selon les représentants des salariés. « On manque de matériel et nos locaux ne sont pas adaptés », pointe Corinne Bourgeois. « Je pense à un jeune que nous recevons entre midi et deux. Un jour, il a fait ses besoins sous lui, mais faute de protections et de vêtements de rechange disponibles, nous l’avons renvoyé en taxi à son domicile avec une easy napkin. Si ce n’est pas de la maltraitance, je ne sais pas ce que c’est… »