« Pas de logement, pas de JO. » C’est un nouveau bras de fer entre institutions et société civile, sur fond d’olympiades, qui se déroulent actuellement à la Maison des Métallos : 251 jeunes exilés, mineurs pour la plupart, occupent ce lieu culturel parisien depuis samedi 6 avril, devenu le nouveau point d’ancrage des revendications du Collectif des Jeunes du Parc de Belleville. Ceux-ci dénoncent les expulsions d’exilés et des populations précaires de Paris en vue des Jeux Olympiques.
Le collectif réclame un hébergement digne, le temps de terminer leur parcours administratif, une couverture médicale, l’accès aux cantines solidaires de Paris et à l’école, des transports gratuits comme pour tous les mineurs d’Île-de-France et la présomption de minorité.
La crainte de devoir recommencer les démarches à zéro
Ces mineurs étaient hébergés depuis décembre dans des gymnases parisiens mais risquent d’être déplacés loin de la capitale, selon les associations qui les accompagnent. Engagés dans des demandes, fastidieuses, d’obtention de papiers, les jeunes exilés refusent de partir, de peur de devoir recommencer les démarches à zéro.
Une proposition d’orientation vers les sas régionaux a été faite à leurs occupants, mais « cela ne conviendra sans doute pas à la majorité d’entre eux qui devront abandonner leur recours en reconnaissance de minorité à Paris », corrobore le Revers de la médaille, un collectif regroupant quelque 80 associations et ONG.
Depuis samedi, la maison des Métallos s’est donc transformée en lieu de vie, où chacun se serre les coudes pour tenir le plus longtemps possible. Sur son compte Instagram, le Collectif des jeunes de Belleville appelle aux dons de nourriture pour subvenir à leurs besoins primaires. « Ni l’État ni la mairie n’ont accepté de fournir des couvertures, des lits, de la nourriture ou des produits d’hygiène », affirme-t-il.
Malgré les difficultés, le mouvement ne désemplit pas. Avec les associations et les différents syndicats, le collectif fait savoir que la direction de la maison des métallos soutient l’occupation et « facilite la vie des jeunes sur place ».
La menace d’une intervention policière plane
De son côté, la mairie demande « la mise à l’abri immédiate par l’État » des occupants. Léa Filoche, adjointe à la mairie de Paris en charge des solidarités, de l’hébergement d’urgence et de la protection des réfugiés, a critiqué, dans un « thread » sur le réseau social X, l’abandon d’une obligation étatique.
« En quatre mois, c’est la septième fois qu’un lieu municipal est investi de la sorte par des personnes demandant simplement une prise en charge digne. (…) Aujourd’hui à Paris, nous gérons à la place de l’État des situations d’hébergement d’urgence. »
Dans l’après-midi du 9 avril, les portes se sont ouvertes pour ne laisser passer que la police municipale du XIème arrondissement. « Ils sont entrés et nous ont comptés. Ils ont ensuite fait une vérification des conditions d’occupation », raconte Jeanne, militante du Collectif.
La mairie avait, plus tôt dans la semaine, assuré qu’aucune mesure d’expulsion du lieu historique de la lutte sociale, ne serait prise tant qu’aucune dégradation ou violence n’était constatée. Aucune altercation entre les forces de l’ordre et les occupant n’a eu lieu « mais les policiers semblaient menaçants, ils avaient des sprays lacrymogènes à la main », rapporte la jeune femme. À leur départ, « ils ont souri et ont glissé “à tout à l’heure” en direction de l’un des groupes », poursuit-elle.