Si les promesses de la part de nos gouvernants de rendre toujours plus difficile la vie des personnes exilées sont glaçantes, une nouvelle catastrophe montre que la situation est d’ores et déjà insoutenable. Un nourrisson, âgé de quatre mois et probablement originaire du Kurdistan irakien, a été retrouvé inconscient au large de Wissant (Pas-de-Calais), a indiqué, ce vendredi 18 octobre, la préfecture maritime de la Manche et de la mer du Nord (Prémar), précisant que les soixante-cinq personnes de l’embarcation ont été récupérées saines et sauves.
« Pour que cessent ces drames, l’action de l’État doit changer », a déclaré, via un communiqué, l’association de soutien aux personnes exilées Utopia 56, qui appelle à « une politique d’accueil en France et de passage sûr vers l’Angleterre ».
Les faits se sont déroulés la veille, dans la soirée. Les associations avaient, selon le collectif, appelé à sept reprises le centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (Cross) Gris-Nez (Pas-de-Calais), pour signaler des embarcations en détresse (soit environ 400 personnes) pour lesquelles les secours sont intervenus.
L’embarcation « se déchirait en son centre »
Alerté d’un départ d’une embarcation, le Cross a donc déployé plusieurs navires de sauvetage et un hélicoptère belge. L’embarcation « se déchirait en son centre, les passagers tombant à l’eau pour certains, alors que d’autres se maintenaient aux éléments pneumatiques », a détaillé à l’AFP le procureur de la République de Boulogne-sur-Mer, Guirec Le Bras.
Il a ajouté que les services de l’Office de lutte contre le trafic illicite de migrants (Oltim) « procèdent aux auditions de 50 naufragés en qualité de témoins », dans le cadre d’une enquête ouverte notamment pour « homicide involontaire par violation manifestement délibérée d’une obligation de sécurité ou de prudence ».
Et cette indignité est loin d’être une exception. Au total, au moins 52 personnes sont décédées depuis le 1er janvier, selon un décompte effectué par l’AFP sur la base de chiffres officiels. Parmi ces victimes figurent régulièrement des enfants. Le 3 septembre, la moitié des douze victimes, qui a fait 12 morts, étaient mineures.
Le 5 octobre, un enfant de deux ans est mort écrasé dans une embarcation transportant près de 90 personnes et tombée en panne de moteur. Le recours aux small boats est venu en réponse au verrouillage de plus en plus fort des accès au tunnel sous la Manche et au port de Calais, rappelle l’Agence France Presse.
Une multiplication de lois immigration annoncées
Le jour même de l’annonce du décès de ce nourrisson, le premier ministre français Michel Barnier, dont la nomination avait été validée par l’extrême droite, se rend à Menton (Alpes-Maritimes), accompagné du ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau, qui multiplie les gages à l’endroit de l’extrême droite. L’objectif est de discuter immigration avec deux ministres italiens, Antonio Tajani (Affaires étrangères) et Matteo Piantedosi (Intérieur). Une semaine plus tôt, le gouvernement français avait annoncé une nouvelle loi immigration.
De l’autre côté de la Manche, Yvette Cooper, la ministre de l’Intérieur du gouvernement britannique du travailliste Keir Starmer, avait en août 2024, annoncé une série de nouvelles mesures pour lutter contre l’immigration. « Nous prenons des mesures fortes et claires pour renforcer la sécurité à nos frontières et veiller à ce que les règles soient respectées et appliquées ». Le gouvernement « promeut un message séculaire de peur et d’hostilité à l’égard de certaines des personnes les plus victimisées et traumatisées », avait alors dénoncé Amnesty International Royaume-Uni.
C’est peu dire que les droits humains ne sont pas non plus au centre des préoccupations de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen. Celle-ci a annoncé, lundi 14 octobre, son intention de mener une nouvelle législation pour expulser plus facilement les personnes exilées qui n’ont pas l’autorisation de rester sur le territoire.
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