Comme à son habitude, Emmanuel Macron préfère tancer les autres plutôt qu’assumer. « M. Netanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU », avait lancé le président de la République, mardi 15 octobre, lors du Conseil des ministres hebdomadaire. « Et par conséquent ce n’est pas le moment de s’affranchir des décisions de l’ONU », avait-il poursuivi, alors que l’armée israélienne multipliait les attaques contre la Finul, et en référence à la résolution 181 adoptée en novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations unies prévoyant l’existence de deux États.
Lors d’une conférence de presse, jeudi 17 octobre dans la soirée, Emmanuel Macron a réprimandé sur un ton paternaliste les ministres et les journalistes qui auraient mal rapporté ses propos et contribuer à la déformation de ses positions. Ce « manque de professionnalisme » contribuerait au « délitement du débat public », a assuré le chef de l’État, alors que le travail des journalistes est de plus en plus empêché par le pouvoir en place et que la solidarité avec la Palestine n’a jamais été aussi criminalisée.
Le président met « gravement en cause la déontologie de la presse »
« Je voudrais me permettre de rappeler quelques règles », a lancé, cassant, le chef de l’État, en préambule de sa prise de parole à l’issue d’un sommet européen à Bruxelles, abordant le fonctionnement du Conseil des ministres et réaffirmant les principes de précaution des participants et des commentateurs quant aux paroles rapportées. « Je dois vous dire combien j’ai été stupéfait de lire tant de commentaires, de commentaires de commentaires, de réactions, y compris de responsables politiques, étrangers ou français, devant des propos que j’aurais tenus sans se poser la question de savoir (…) ce que j’aurais exactement dit », a-t-il affirmé.
Si Emmanuel Macron a eu l’air de démentir ses propos « tels qu’ils ont été rapportés », il n’a pourtant pas éclairci ses positions. « Je crois que je dis suffisamment sur la situation au Proche-Orient pour ne pas avoir besoin de ventriloque », a-t-il fustigé. En clair, si le président de la République a effectivement rappelé le rôle de l’ONU dans la création de l’État d’Israël, il n’a jamais voulu mettre en doute la légitimité du pays dirigé par Benyamin Netanyahou en considérant qu’il ne s’agissait que d’une décision diplomatique sans fondements.
L’Association de la Presse Présidentielle (APP) a estimé que le président mettait « gravement en cause la déontologie de la presse ». « Notre travail ne peut se résumer à reprendre les déclarations officielles », a-t-elle pointé sur X (ex-Twitter). « C’est vrai ça les journalistes, pourquoi ne reprenez-vous pas simplement et bêtement les communiqués officiels ? », s’est questionné ironiquement le porte-parole du groupe écologiste à l’Assemblée, Benjamin Lucas. Si, à travers cette prise de parole colérique, Emmanuel Macron a voulu se présenter en victime de l’emballement médiatique, il pourrait en fait s’agir d’un simple rétropédalage pour ne pas froisser les soutiens français et internationaux d’Israël ou son premier ministre Benyamin Netanyahou.
« Un rappel au président de la France : ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a établi l’État d’Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d’indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l’Holocauste – notamment du régime de Vichy en France », avait vertement répliqué celui-ci.
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