de Oritro Karim (Les Nations Unies)vendredi 18 octobre 2024Inter Press Service
NATIONS UNIES, 18 oct (IPS) – Au milieu de l’incursion terrestre d’Israël dans le sud du Liban, de fréquentes frappes aériennes ont démoli des infrastructures civiles, ce qui ne fait que contribuer à l’augmentation des taux de pertes civiles et de déplacements. Les organisations humanitaires craignent que les conditions au Liban ne ressemblent bientôt à celles de Gaza si un cessez-le-feu n’est pas conclu rapidement.
Les Nations Unies (ONU) ont exhorté l’armée israélienne à envisager un cessez-le-feu tandis que la Force intérimaire des Nations Unies au Liban (FINUL) est stationnée aux frontières du pays, enregistrant les violations de la sécurité et tentant de préserver la paix. Le 16 octobre, la FINUL avait signalé une série de frappes aériennes dans la ville de Nabatieh et ses environs, au sud du Liban.
Selon le ministère libanais de la Santé, les attaques ont fait quinze victimes civiles, dont le maire de la ville, Ahmad Kahil, et des membres de l’Unité de gestion des risques de catastrophe. Le Premier ministre libanais Najib Mikati a condamné ces attaques, accusant les Forces de défense israéliennes (FDI) d’avoir intentionnellement pris pour cible une réunion du conseil. La Coordonnatrice spéciale des Nations Unies pour le Liban, Jeanine Hennis-Plasschaert, a qualifié les attaques de mercredi de « violations de la guerre humanitaire internationale ».
Avant l’escalade des hostilités observée au Liban au cours des deux dernières semaines, un porte-parole de Tsahal avait informé les journalistes que les attaques visaient uniquement les opérations militaires du Hezbollah. Cependant, les récentes frappes aériennes ont été de plus en plus aveugles, ciblant des zones densément peuplées.
“Nous savons que le Hezbollah profite souvent des installations civiles”, a déclaré le représentant permanent d’Israël auprès de l’ONU, Danny Danon.
Les déplacements internes ont augmenté au Liban depuis l’escalade des hostilités. Le directeur général adjoint de l’UNICEF, Ted Chaiban, a déclaré mercredi aux journalistes que plus de 1,2 million de personnes avaient été déplacées à cause de ce conflit, dont plus de 400 000 enfants. Les abris pour personnes déplacées ont été poussés à leurs limites, avec plus de 85 pour cent de tous les abris fonctionnant à leur capacité maximale. Des milliers de personnes cherchent refuge dans la rue ou dans les centres publics.
L’escalade des hostilités a eu des conséquences néfastes sur le système de santé libanais. Selon l’Organisation mondiale de la santé (OMS), plus de 23 attaques contre des installations médicales ont été signalées au cours du mois dernier, et 100 hôpitaux ont été fermés dans les zones touchées par le conflit.
« Les attaques contre les soins de santé affaiblissent les systèmes de santé et entravent leur capacité à continuer à fonctionner. Elles empêchent également des communautés entières d’accéder aux services de santé lorsqu’elles en ont le plus besoin », a déclaré le Dr Hanan Balkhy, directeur régional de l’OMS pour la Méditerranée orientale.
La santé mentale collective des civils libanais dans les zones fortement touchées s’est considérablement dégradée. Chaiban a fait remarquer que cela a été particulièrement difficile pour les enfants. « Le bilan psychologique est immense, en particulier chez les jeunes. Les enfants sont désormais aux prises avec des cauchemars de bombardements, de perte d’êtres chers et de destruction de leurs maisons et de leurs écoles », a-t-il déclaré.
En outre, il y a eu un afflux de civils blessés, ce qui a entraîné une demande massive de médicaments, de matériel chirurgical et de soutien psychosocial. L’OMS et la Croix-Rouge libanaise se sont associées au ministère libanais de la Santé pour fournir aux hôpitaux locaux des fournitures adéquates et créer des centres de traumatologie.
Le Comité international de la Croix-Rouge a déployé une équipe de 22 professionnels de santé expérimentés dans le traitement des blessures destructrices à l’hôpital universitaire Rafik Hariri de Beyrouth.
« Même si notre équipe chirurgicale et nos fournitures médicales contribueront à alléger le fardeau des prestataires de soins de santé, une aide humanitaire durable et sûre est nécessaire de toute urgence. La crise humanitaire s’aggrave d’heure en heure », a déclaré Simone Casabianca-Aeschlimann, chef de l’équipe du CICR au Liban.
Les organisations humanitaires craignent que les conditions de vie ne deviennent encore plus désastreuses au cours des prochains mois d’hiver. L’ONU et ses agences telles que l’OMS, l’UNICEF et le Programme alimentaire mondial (PAM) sont mobilisées pour intensifier les efforts de réponse à mesure que la situation continue d’évoluer. Des appels ont été lancés pour un financement flexible des efforts humanitaires, comme l’appel de l’UNICEF de 105 millions de dollars pour les trois prochains mois, qui n’est actuellement financé qu’à huit pour cent. L’ONU appelle les donateurs à contribuer car les hostilités ne montrent aucun signe de cessation dans un avenir proche.
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