Léonie est passée « en mode branle-bas de combat », le 9 juin. La jeune femme, juriste de formation, a vu, comme tous les Français, son été chamboulé par la dissolution surprise de l’Assemblée nationale, suivie d’une campagne express marquée par la peur de voir l’extrême droite au pouvoir.
Électrice de gauche, non encartée, elle s’est tout de suite inscrite dans les boucles militantes qui se sont créées autour de l’union de la gauche, le Nouveau Front populaire (NFP), en Essonne, là où elle vote. Tractage, porte-à-porte… Léonie a fait campagne pour la candidate FI Claire Lejeune, qui a été élue : « C’était top, porteur, l’union était vraiment mobilisatrice. »
Mais le NFP, qui a remporté d’une courte tête les législatives, sans majorité, s’est vu privé du droit de former un gouvernement, au profit de Michel Barnier. Quatre mois après sa formation, que reste-t-il de l’espoir immense soulevé par la coalition ? Pour Léonie, c’est « mitigé » : « Le NFP a le mérite de perdurer formellement, mais entre les querelles, les provocations et le fait de ne pas gouverner, on ne ne peut pas dire que ce soit terrible », soupire-t-elle, tout en étant convaincue qu’il faut « poursuivre la dynamique ».
« On a cru qu’on allait changer les choses, abonde Michel, 45 ans, enseignant en Bretagne, lui aussi électeur non encarté. Et on a vu que seul, aucun parti de gauche ne peut gagner. » Ils sont nombreux, électeurs et militants interrogés par l’Humanité, à témoigner de leur crainte de voir le rassemblement se déliter et l’éparpillement faire rater à la gauche le second tour de la présidentielle, une troisième fois consécutive, en 2027.
D’après un sondage Ifop publié dans nos colonnes à l’occasion de la Fête de l’Humanité, 61 % des sympathisants de gauche interrogés souhaitent une candidature unique dans trois ans, mais ils sont autant à penser que le NFP aura disparu d’ici là.