La « réduction des coûts » telle que désirée par Wall Street fut et reste considérée comme une priorité absolue par la direction de Boeing. Elle est pourtant au cœur du mouvement de grève historique, déclenchée le 13 septembre par le syndicat IAM (International Association of Machinists).
Les salariés revendiquent de fortes hausses de salaires (+ 40 % sur quatre ans), après avoir dû encaisser des baisses substantielles de leur pouvoir d’achat en raison d’un quasi-gel de leur rémunération, ces dernières années. De la même façon, c’est cette gestion financiarisée qui est au cœur des déboires de l’avionneur concernant la finition d’éléments essentiels à la sécurité des appareils, aujourd’hui mise en cause dans plusieurs accidents ou incidents très graves.
La compétitivité au détriment des salaires
Le mouvement paralyse totalement deux des plus importantes usines du groupe près de Seattle, à Renton, où est fabriqué le nouveau 737 max et, à Everett, où sont produits les 777, ainsi que plusieurs avions militaires. La direction du groupe a pu mesurer la crise de confiance avec le personnel quand elle a dû remettre dans le tiroir, ce 9 octobre, ses propositions visant à mettre fin au conflit,.
Le syndicat a dénoncé une volonté de passer en force et de faire voter les salariés sur un nouveau contrat de travail qui ne constitue pas une « véritable amélioration ».
Les propositions patronales restent en effet bien inférieures aux hausses de rémunération sur lesquelles se sont prononcés les salariés à plus de 95 % en démarrant le mouvement en septembre. Et elles ne prennent toujours pas en considération une véritable amélioration de leur régime de retraite. La direction a claqué la porte des discussions, affirmant que les conditions du syndicat sont « inacceptables, si nous voulons rester compétitifs ».
Revoir le système de valorisation des retraites
Interrogé par le site proche du syndicat, Northwest Labor Press (la presse ouvrière du Nord-Ouest), Scott Lacey, l’un des grévistes, relève la rare détermination affichée par tous ses collègues. « En plus de trente années de carrière, lâche-t-il, je n’ai jamais assisté à un tel phénomène. Cela fait chaud au cœur. »
Deux points sont essentiels à ses yeux : « Trouver un accord qui permette d’éponger ces sacrées pertes enregistrées à cause de l’inflation au cours de la dernière décennie. » Mais aussi « et peut-être surtout, insiste-t-il, retrouver un système de valorisation des retraites digne et non pas soumis, comme aujourd’hui (avec le système imposé par la direction depuis 2016 – NDLR), aux aléas des cours de la Bourse ».
Le bras de fer continue sur les deux principaux sites de production du groupe. Boeing perd chaque jour plusieurs centaines de millions de dollars. Le syndicat entend conduire, la semaine qui vient, une consultation de ses membres sur « les priorités » à définir en vue d’un éventuel accord pour un nouveau contrat de travail. Les deux parties, patronale et syndicale, laissent ouverte la porte à un retour à la case des négociations, y compris sous la houlette d’une commission d’arbitrage fédérale.
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