Plus de mille passagers dans un avion en direction de la Martinique ont finalement atterri sur le sol guadeloupéen. Un détour qui ne doit rien au tourisme, mais plutôt aux mobilisations contre la vie chère en cours depuis septembre sur l’île. Le mouvement, lancé par le Rassemblement pour la protection des peuples et des ressources afro-caribéens (RPPRAC), exige un alignement sur l’Hexagone des prix des produits alimentaires, 40 % plus chers en Martinique.
Ce jeudi 10 octobre dans l’après-midi, plus d’une cinquantaine de personnes ont occupé la piste de l’aéroport de Fort-de-France, dans la commune du Lamentin. Victimes de « répression policière » à l’encontre de « Martiniquais pacifiques » selon le RPPRAC, les manifestants entendaient s’opposer à l’arrivée de renfort de CRS, censés arrivés par voie aérienne.
Une fake new à l’origine du blocage de l’aéroport
Mais il s’agissait en fait d’une fausse information. « Des rumeurs ont circulé sur les réseaux sociaux cet après-midi, selon lesquelles 300 ou 350 CRS devaient arriver en Martinique par avion. Cette information totalement fausse est à l’origine de regroupements et de l’envahissement de la piste de l’aéroport », a déploré sur X (ex-Twitter) la préfecture de Martinique. C’est ainsi que trois vols, avec à leur bord « 1 117 passagers » selon la préfecture, ont été déroutés vers la Guadeloupe suite à la fermeture de l’aéroport.
L’envahissement des aéroports s’ajoute à plusieurs nuits de tensions, lors desquelles des magasins ont été pillés et incendiés. Des affrontements entre manifestants et forces de police ont eu lieu. Il y aurait 26 blessés chez les policiers et gendarmes, selon l’AFP. Aussi, un homme a été tué par balle dans des circonstances encore floues : il a été retrouvé blessé par des gendarmes qui intervenaient à proximité d’un centre commercial, au Robert. Une enquête a été ouverte.
Un couvre-feu jusqu’à lundi
En réaction, le préfet de l’île, Jean-Christophe Bouvier, a signé deux arrêtés : le premier instaure un couvre-feu de 21 heures à 5 heures et le second interdit les rassemblements et les manifestations à partir de 18 heures. Des mesures valables jusqu’à lundi et sur l’ensemble du territoire. Un premier couvre-feu avait été instauré du 18 au 26 septembre dans certains quartiers de Fort-de-France et du Lamentin.
Le ministre chargé des outre-mer, François-Noël Buffet, a condamné jeudi « avec la plus grande fermeté » les violences qui ont éclaté dans la nuit et a exhorté les citoyens « à éviter toute escalade (…) et à privilégier le dialogue ». Quant à Jean-Christophe Bouvier, il se « félicite des avancées obtenues à la cinquième table ronde sur la vie chère » et a appelé « à la désescalade », sur X, alors que les manifestants n’ont obtenu aucune réponse satisfaisante à leurs problèmes.
Les services publics en crise
« Les magasins sont cassés parce qu’on a cassé le portefeuille du peuple, lui répond le président de l’association, Rodrigue Petitot, surnommé « Le R ». Cette violence, on peut la classer du côté de la légitime défense mais j’ai toujours insisté pour que le mouvement soit pacifique ». L’association, les acteurs économiques, élus, services de l’État et la collection territoriale de Martinique (CTM) vont se réunir ce vendredi, à 15 heures, pour la sixième table ronde contre la vie chère. Les cinq premières n’ont pas abouti favorablement, contrairement à ce que le Préfet laisse entendre.
Par ailleurs, les établissements scolaires, déjà fermés jeudi, le resteront ce vendredi, selon le rectorat de Martinique. Autre service public touché : le CHU de l’île a annoncé hier le déclenchement d’un plan blanc pendant lequel « des déprogrammations d’actes opératoires ou de consultations sont organisées ». Dans son communiqué, le CHU ajoute qu’« une attention particulière est portée s’agissant des interventions urgentes ou liées à la cancérologie ». Les pharmacies de l’île se trouvent dans le même état d’alerte, déclarant « ne plus être en mesure d’assurer le service d’urgence ». Aussi, de nombreux réseaux de transports en commun sont paralysés.
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