« “Déficit structurel”, à qui la faute ? Sûrement pas nous ! » peut-on lire sur la pancarte de Katia. Comme elle, la centaine de salariés rassemblés devant le siège d’APF France Handicap a l’impression de payer une addition dont ils ne sont pas responsables.
À l’intérieur du bâtiment, la direction présente, au cours d’un conseil social et économique exceptionnel, son plan de retour à l’équilibre qui prévoit le licenciement de 300 personnes et contraint à la mobilité 100 salariés, d’après Fabrice Verdelet, délégué CGT central.
« Bien que les suppressions de postes concernent des personnels administratifs, les centres médico-sociaux vont également être impactés par la volonté de la direction de ne plus remplacer systématiquement les employés absents », explique ce dernier.
Des salariés sommés de « travailler comme si de rien n’était »
L’association d’accompagnement des personnes handicapées et de leur famille justifie sa décision dans un communiqué de presse par « un déficit record dans un contexte de crise du secteur médico-social ». Pour Pascal Corbex, secrétaire général de la filière action sociale de FO, les salariés de l’APF sont effectivement les victimes du manque de budget alloué au secteur médico-social par les pouvoirs publics.
« L’inflation n’a pas été compensée dans le secteur », affirme-t-il. Consciente de ce manque de financements, Katia pointe également des « erreurs financières de la direction ». « Notre centre de gestion va fermer un an et demi à peine après l’inauguration des locaux », déplore-t-elle.
Mais, au-delà du choc des licenciements, la méthode employée a blessé les salariés. « On a appris ça en visioconférence. On nous avait dit la veille de nous connecter, mais personne ne s’est couché en pensant qu’on n’aurait plus de travail le lendemain », regrette Marie-France. « Et à la fin de cette réunion, on nous a dit : « surtout, continuez à travailler comme si de rien n’était » », poursuit-elle écœurée.
Une méthode « contraire aux valeurs de l’association »
Fabrice Verdelet ajoute que les licenciements ne devraient prendre effet qu’en mai, une fois que les budgets et comptes seront clôturés : « On les laisse faire tout le boulot, puis on les remercie », se désole-t-il.
Une approche perçue comme « contraire aux valeurs d’inclusivité défendues par l’association », selon Katia. Nathalie, comptable à Amiens, partage cet avis : « On a choisi de travailler dans l’associatif et on subit une direction digne d’un groupe coté en Bourse. »
Karen reproche à la direction de licencier des travailleurs handicapés sans disposition particulière. Mère d’un enfant en situation de handicap qu’elle élève seule, elle craint de ne plus pouvoir assumer le remboursement de son crédit immobilier après son licenciement.
Lors de la première suspension du CSE, Fabrice Verdelet se félicite au micro de la mobilisation des salariés : en plus de ceux présents à Paris, d’autres se sont rassemblés devant leur établissement. « La lutte des salariés sera cruciale pour mettre la pression sur la direction et obtenir des primes supérieures aux montants légaux lors des licenciements », assure le représentant, pour que la combativité prenne le relais de l’indignation.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !Je veux en savoir plus.