Trois semaines après que l’ancien élu communiste de Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), David Noël a été définitivement relaxé face au maire Rassemblement national (RN) Steeve Briois, les projecteurs sont de nouveau braqués sur la municipalité dirigée par l’extrême droite. Des comédiens et techniciens qui devaient se produire au théâtre de L’Escapade se sont mis en grève, jeudi 3 octobre. Les intermittents « vont tenir un piquet de grève pour informer le public », a indiqué à l’AFP Camille (elle n’a pas souhaité donner son nom), comédienne membre du collectif « l’Intruse » qui devait se produire jeudi 3 octobre ainsi que d’un collectif de travailleurs mobilisés pour la défense de ce théâtre. Les grévistes ont dénoncé une « ingérence » et des « pressions salariales » de la part de la mairie. Sans surprise, la municipalité d’extrême droite a argué qu’il s’agissait d’une opération « politique ».
Une convention permet à la municipalité de « reprendre la gestion du lieu »
La CGT Spectacle a appelé à une grève illimitée au théâtre L’Escapade en dénonçant « ingérence » et « pressions salariales » de la part de la mairie. Ces pressions entraînent, selon les personnes mobilisées, une situation de sous-effectif pour faire tourner l’établissement.
Les membres du collectif l’Intruse, ont assuré refuser « de cautionner un contexte de maltraitance institutionnelle où les salarié.es, en souffrance, sont contraintes de se mettre en arrêt, ou de sur-travailler », dans un communiqué publié jeudi 3 octobre sur le site d’actualité du spectacle vivant Sceneweb. « Nous voulons continuer à créer, jouer, et diffuser des spectacles vivants sans nous sentir constamment menacé.es par les pouvoirs politiques », ont-ils poursuivi.
Outre le maintien du financement, la CGT Spectacle et le collectif réclament des garanties pour que le directeur de L’Escapade, en arrêt maladie depuis le mois d’août, puisse mener à bien sa mission. Les personnes mobilisées dénoncent aussi la signature d’une nouvelle convention entre le président de l’association du théâtre et la mairie RN – sans l’aval du conseil d’administration et du directeur -, prévoyant que la municipalité « puisse reprendre la gestion du lieu avec un préavis de 60 jours », a indiqué Maxime Séchaud, secrétaire général adjoint de la CGT Spectacle
« Nous resterons mobilisées jusqu’à ce que nous obtenions des réponses satisfaisantes »
Et les grévistes ont précisé : « Nous ne prenons pas cette décision de gaîté de cœur. Elle implique de graves conséquences sur nos métiers, à court et long terme et nous expose à plus de précarité encore, en tant que compagnie, mais aussi en tant que travailleur.euses du spectacle. » « Nous resterons mobilisées jusqu’à ce que nous obtenions des réponses satisfaisantes », ont-ils ajouté.
La mairie RN, a tenté de se justifier en accusant le conseil d’administration du théâtre de « répandre des fausses informations », déplorant une mobilisation qui serait une opération « politique » orchestrée selon elle par la France insoumise, dans un communiqué jeudi soir.
Lors du lancement de la saison, la CGT Spectacle avait dénoncé une volonté de la mairie de « mettre la main sur ce lieu de culture indépendant ». Le chef de la majorité RN au conseil municipal et sénateur du Pas-de-Calais Christopher Szczurek s’était défendu de toute pression. « On n’a jamais rien imposé », avait assuré l’élu interrogé par l’AFP, ajoutant que la subvention d’environ 300 000 euros versée au théâtre avait toujours été reconduite depuis 2014.
Mi-septembre, la mairie d’Hénin-Beaumont, qui avait bel et bien prouvé avoir des problèmes avec la liberté d’expression, avait perdu en justice. David Noël, ex-élu communiste d’Hénin-Beaumont, poursuivi par le maire RN Steeve Briois pour une publication sur le réseau social Facebook, avait définitivement été relaxé.
La plus haute instance judiciaire avait confirmé la décision de la cour d’appel de Douai, qui, en 2023, avait rejeté la plainte déposée par l’élu lepéniste reprochant à son ancien opposant de l’avoir traité sur son compte Facebook d’« autocrate raciste au comportement de patron-voyou harceleur avec les agents ».
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