En 1970, l’économiste Milton Friedman affirmait que les entreprises avaient une seule responsabilité : augmenter leurs profits. Pendant des décennies, la « doctrine Friedman » a été considérée comme un dogme dans certains milieux, y compris dans de nombreuses écoles de commerce.
Beaucoup de choses ont changé depuis cette époque. Les gouvernements et autres bailleurs de fonds de l’éducation exigent de plus en plus que les universités donnent la priorité aux objectifs sociaux, comme ceux énoncés dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations Unies.
Parallèlement, les écoles de commerce sont confrontées à de nouvelles pressions du marché, notamment des classements mondiaux qui prennent désormais en compte l’impact sociétal, et des étudiants, professeurs et organismes d’accréditation qui valorisent de plus en plus la responsabilité sociale.
Mais qu’est-ce que « l’impact sociétal » et peut-il être mesuré ? En tant que professeur d’entrepreneuriat et ancien doyen d’une école de commerce qui a suivi le processus de détermination de l’impact, mon intérêt pour ces questions est plus que théorique.
Une nouvelle norme d’impact
En 2020, l’Association to Advance Collegiate Schools of Business, ou AACSB – l’organisation qui accrédite plus de 600 écoles de commerce aux États-Unis – a pris une décision importante : elle a révisé ses normes d’accréditation pour inclure l’engagement et l’impact sociétal.
L’impact sociétal, tel que défini par l’AACSB, fait référence à « la manière dont une école a un impact positif sur l’amélioration de la société, tel qu’identifié dans la mission et le plan stratégique de l’école ». Alors que les écoles accréditées par l’AACSB sont désormais tenues de « démontrer un impact sociétal positif », l’organisation offre aux écoles une grande latitude sur la manière dont elles s’efforcent de respecter la norme.
Même si la réponse globale a été positive, les écoles de commerce recherchent des informations supplémentaires qui les aideront à identifier et à mesurer leur impact sociétal. Après tout, les universités profitent à leurs communautés de plusieurs manières. Si vous vouliez suivre l’impact d’une école de commerce, par où devriez-vous commencer ?
Outils d’évaluation de l’impact
D’après mon expérience personnelle, il est bon pour une école de commerce de commencer par examiner son plan stratégique.
En effet, déterminer l’impact est un processus complexe qui nécessite l’analyse d’énormes quantités de données. Parce qu’il peut être si étendu, il est préférable de déterminer et de mesurer l’impact en fonction de l’intention stratégique de l’organisation.
Le plan stratégique d’une école peut servir de base solide pour identifier les domaines d’impact qui correspondent aux aspirations de l’école. Il envoie également le message aux accréditeurs et à toutes les parties prenantes que les domaines d’impact sont proches du cœur de ses opérations.
La prochaine étape pour de nombreuses écoles, y compris mon université, consiste à adopter un cadre d’impact. Un cadre d’impact est un outil que les organisations utilisent pour identifier les initiatives et mesurer les progrès vers les objectifs. La recherche montre que les cadres d’impact peuvent être efficaces pour maintenir les organisations dans un parcours utile, en offrant des garde-fous pour empêcher les gens de perdre de vue leurs objectifs.
Un tel cadre adapté aux écoles de commerce est proposé par la Fondation européenne pour le développement du management, une organisation mondiale d’accréditation basée à Bruxelles. Parallèlement à ses activités d’accréditation, la fondation propose le service connu sous le nom de Business School Impact System, lancé dans plus de 90 écoles de commerce à travers le monde.
Le Business School Impact System est probablement le système de ce type le plus ancien, puisqu’il a été lancé en 2012. À cette époque, il n’existait aucune autre ressource disponible – à moins qu’une école n’acquière les services d’un cabinet de conseil pour entreprendre une analyse d’impact à grande échelle. frais. Le cadre du Business School Impact System examine 120 indicateurs répartis dans sept dimensions d’impact.
D’autres organisations, telles que les Principes pour une éducation responsable parrainés par l’ONU, proposent des orientations supplémentaires.
Qu’y a-t-il à gagner pour les écoles de commerce
L’évaluation de l’impact offre de nombreux avantages aux écoles de commerce. Par exemple, cela peut renforcer la réputation d’un programme, en attirant des étudiants potentiels, des employeurs et des professeurs. Il peut également offrir des preuves convaincantes pour les campagnes de collecte de fonds et les demandes de subventions. De plus, les enseignements tirés des évaluations d’impact peuvent éclairer l’élaboration des programmes scolaires, les rendant ainsi adaptés aux défis sociaux contemporains.
Enfin, les évaluations d’impact sociétal peuvent favoriser des partenariats plus solides avec les organismes communautaires et l’industrie, en encourageant les universités à donner la priorité aux opportunités d’apprentissage concrètes pour les étudiants et en leur permettant de contribuer directement à la société par le biais de projets collaboratifs et d’initiatives de recherche.
Les écoles de commerce jouent depuis longtemps un rôle crucial dans l’évolution de la société – c’était vrai à l’époque de Milton Friedman, et c’est toujours vrai aujourd’hui. Ce qui est nouveau, c’est que les écoles de commerce tentent de mesurer leur impact. Je pense que c’est un changement bienvenu.