Le premier ministre Michel Barnier a annoncé la couleur lors de son discours de politique générale : « l’effort » des grandes entreprises et des plus fortunés sera « ciblé et limité dans le temps », en revanche l’austérité sera bien de mise sur le long terme pour le citoyen lambda.
Arguant que la dette financière est une « véritable épée de Damoclès » et que « réduire les dépenses » reviendrait seulement à « renoncer à l’argent magique, au tout gratuit », le chef du gouvernement en bon libéral a affiché l’objectif de ramener à 5 % du PIB le déficit en 2025, pour atteindre les 3 % exigés par le pacte budgétaire européen en 2029. Mais il n’avait mentionné aucun chiffre.
Bercy et Matignon se sont chargés d’annoncer le montant de la douloureuse ce mercredi : sur les 60 milliards « d’effort global » annoncés, 40 milliards d’euros proviendront de la réduction des dépenses publiques. Selon la clé de répartition un tiers/deux tiers, présentée par Michel Barnier la veille, les augmentations d’impôts s’élèveront donc à 20 milliards.
Le détail de ce plan d’économies drastique figure au projet de loi de finances (PLF) transmis pour avis mardi au Haut conseil des finances publiques, rattaché à la Cour des comptes, et qui sera présenté en Conseil des ministres et au Parlement, a priori le 10 octobre. Soit plus d’une semaine après l’échéance légale du 1er octobre, du fait d’un calendrier bousculé par les législatives anticipées.
Coupes claires dans les dépenses sociales, de l’État et des collectivités
Côté dépenses, le projet de budget 2025 prévoit qu’un peu plus de 20 milliards d’économies soient faites par l’État. La non-revalorisation des crédits en fonction de l’inflation se traduira par une diminution d’environ 15 milliards d’euros pour les dépenses, tandis que des économies supplémentaires de 5 milliards d’euros seront demandées aux ministères et que les opérateurs de l’État devront freiner leurs dépenses à hauteur de 1 milliard d’euros.
Environ un tiers des économies concernent les dépenses sociales, avec comme mesure phare le report du 1er janvier au 1er juillet de l’indexation des retraites. Le montant des économies escomptées sur le dos des retraités n’a pas été précisé. En revanche, l’objectif national de dépenses de l’Assurance-maladie, qui fixe les dépenses à ne pas dépasser en matière de soins de ville et de soins hospitaliers, ne devrait de son côté progresser que de 2,8 % en 2025. Un taux supérieur à l’inflation attendue mais qui ne permettra pas de répondre aux besoins croissants dans un système déjà exsangue.
Les collectivités locales devront, elles, lisser leurs dépenses, après avoir été accusées par le gouvernement sortant d’avoir contribué au dérapage du déficit public en 2024.
Une hausse des recettes « temporaires »
Contrairement aux coupes dans les dépenses qui se veulent pérennes, la hausse des recettes, contestée par le camp présidentiel, n’est pas prévue pour durer. Le ministre de l’Économie et des Finances Antoine Armand a réaffirmé mercredi que les contribuables les moins fortunés et les entreprises moyennes seraient épargnées, et insisté sur le fait que la hausse de fiscalité à hauteur de 20 milliards d’euros serait « temporaire ».
« On est très, très loin de demander aux grands groupes et aux particuliers les plus aisés un effort du même ordre de magnitude que celui qui a été fourni par l’État pour les aider », s’est également empressé de plaider Matignon auprès du Monde alors que le Medef comme une partie de la Macronie maintiennent la pression.
De même source gouvernementale, on ajoute que des mesures visant à verdir l’économie sont également prévues dans le projet de budget, avec 1,5 milliard d’euros en faveur de la transition écologique. Elles viseraient en particulier les transports très polluants, avec notamment un malus pour les véhicules thermiques, alors que le secteur aérien français s’attend à être taxé d’un milliard d’euros supplémentaire.
Certaines mesures du projet de loi de finances seront introduites par amendements du gouvernement lors du débat parlementaire. Le calendrier devenait trop serré pour faire autrement car le Parlement doit disposer de 70 jours pour débattre du budget et le Conseil constitutionnel de cinq jours pour étudier les probables recours, en vue d’une promulgation de la loi avant le 1er janvier 2025.
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