« Nous ne sommes pas en cohabitation », a reconnu le premier ministre, Michel Barnier, lors du 20 heures de France 2, dimanche 22 septembre. « L’essentiel du socle parlementaire qui va accompagner le gouvernement est constitué de députés, de sénateurs, qui ont pour beaucoup soutenu, accompagné, le président de la République depuis sept ans », a-t-il ajouté. La continuité d’une politique battue dans les urnes en juin est donc au programme.
Mais pas seulement. Avec l’entrée au gouvernement d’une ribambelle de conservateurs, qui siégeront autour de la table du Conseil des ministres pour la première fois ce lundi 23 septembre dans l’après-midi, les rares feux du progressisme macroniste sont en passe de s’éteindre quand un virage encore plus à droite est à attendre, en particulier sur l’immigration.
▷ « Justice fiscale » promise mais aussi austérité en ligne de mire
Les mots de « justice fiscale » prononcée dès sa nomination par Michel Barnier avaient fait frissonner le camp présidentiel opposé depuis 7 ans à toute augmentation d’impôts comme l’a encore répété l’ex-ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, au moment de la passation de pouvoir à Bercy, dimanche.
Le chef du gouvernement leur a promis, sur France 2, de ne « pas alourdir encore l’impôt sur l’ensemble des Français », expliquant vouloir préserver de hausses « les gens les plus modestes, les gens qui travaillent, les classes moyennes ». Mais, « les plus riches doivent prendre part à l’effort de solidarité », a-t-il prévenu, refusant de se prononcer sur un éventuel rétablissement de l’ISF, demandé par la gauche.
Dès samedi, le nouveau ministre de l’Économie Antoine Armand avait cependant ramené l’ambition à « certains prélèvements exceptionnels et ciblés », loin d’une véritable réforme permettant une juste contribution des grandes entreprises et des plus grosses fortunes. Et si de telles pistes sont envisagées, elles le sont parce que les économies sur la dépense publique ne sont pas jugées suffisantes pour respecter la trajectoire de réduction de déficit et de dette convenue avec Bruxelles. La feuille de route austéritaire laissée par le précédent locataire de Matignon est toujours à l’ordre du jour.
▷ Tentative de déminage sur l’égalité des droits
Avec les nombreux ministres LR opposés au mariage pour tous, à la constitutionnalisation de l’IVG, ou encore à l’interdiction des thérapies de conversions, même les macronistes sont inquiets (ou font mine de l’être). L’ex premier ministre, Gabriel Attal, a ainsi appelé son successeur à lever les doutes sur ces sujets « clairement dans sa déclaration de politique générale », prévue le 1er octobre.
Les « grandes lois » de « progrès social ou sociétal » comme celles sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG), le mariage pour tous ou l’assistance médicale à la procréation (AMP ou PMA) seront « intégralement préservées », a répondu Michel Barnier dimanche soir sur France 2. « Je serai un rempart pour qu’on préserve l’ensemble de ces droits acquis » en termes « de libertés, de progrès social. Il n’y a aucune ambiguïté », a-t-il ajouté.
▷L’immigration jugée « souvent insupportable »
En matière d’immigration, pas question en revanche pour Michel Barnier de freiner les ardeurs des plus à droite de ses ministres. « On va faire des choses pratiques pour limiter et maîtriser l’immigration qui devient souvent insupportable et qui conduit à ne pas bien accueillir ceux qu’on accueille chez nous », a déclaré le chef du gouvernement au 20 heures, alliant la reprise du slogan macroniste « humanité et fermeté » et gages au Rassemblement national.
« Il n’y aura pas d’idéologie, il n’y aura pas de sectarisme. Il y aura des mesures pratiques comme tous nos voisins en prennent. Et on va essayer de les prendre aussi en bonne intelligence avec eux », a plaidé l’ancien commissaire européen, en référence notamment à la fermeture des frontières engagées en Allemagne.
Quant à la suppression de l’Aide médicale d’État, « il n’y a pas de tabou ou de totem », a-t-il répondu.
▷Sur la réforme des retraites, la balle renvoyée aux « partenaires sociaux »
Quant à la réforme des retraites entrée en vigueur malgré les millions de citoyens qui s’y sont opposés dans la rue, loin d’une abrogation attendue par le gauche et les syndicats, Michel Barnier s’est dit prêt à « prendre le temps de (l’) améliorer ». Mais le premier ministre, qui dit « faire confiance aux partenaires sociaux » pour ce faire, pose d’emblée un cadre contraint : « On a une loi qui prévoit un cadre financier et je pense que ce cadre financier doit être préservé. »
Le retour sur la mesure phare – et la plus contestée – du report de l’âge de départ à 64 ans ne semble ainsi pas faire partie des « améliorations » envisagées.
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