« C’est un beau roman, c’est une belle histoire », aurait pu chanter Michel Fugain au siècle dernier. Sauf qu’il ne s’agit pas vraiment d’une romance. Plutôt d’une fable, de celles qu’adore le président de la République pour nous faire prendre des vessies pour des lanternes. Ainsi en est-il de l’idée que la gauche aurait une part de responsabilité dans la désignation d’un premier ministre de droite, issu de la formation politique arrivée quatrième aux élections, formation qui a refusé de faire partie du barrage républicain contre le RN.
Reprenons le film des événements. Au soir des élections européennes, Emmanuel Macron annonce la dissolution de l’Assemblée nationale. Il prend cette décision seul. De plusieurs bords, y compris dans son camp, on lui crie « casse-cou » du fait de la forte dynamique du RN aux élections européennes et du trop court délai pour mener une vraie campagne électorale.
Mais là n’est pas sa préoccupation. Ce qu’il veut, c’est marginaliser la gauche, qu’il croit profondément divisée. Il rate son pari. En un temps record, avec l’appui de syndicats, d’associations, de personnalités diverses, la gauche parvient à constituer le Nouveau Front populaire, à le doter d’un programme, à présenter des candidatures uniques dès le 1er tour et à mener une bataille politique et idéologique sans merci. Elle déjoue le piège !
Au deuxième tour, le mécanisme du barrage républicain empêche le RN de parvenir à ses objectifs. Contre toute attente, le NFP arrive en tête, en nombre de députés, dans une Assemblée nationale divisée en trois parts presque égales. Emmanuel Macron est très affaibli, numériquement, politiquement et surtout en termes d’autorité morale sur son camp.
On connaît le personnage. La démocratie est le cadet de ses soucis. Sa volonté est de rester aux commandes et de poursuivre l’œuvre d’affaiblissement des partis, surtout ceux de gauche, commencée en 2017. Il adapte donc sa tactique. L’autoproclamé « maître des horloges » décide de jouer la montre pour préparer les esprits à une solution parfaitement antidémocratique et contraire aux institutions.
D’abord, il décrète la trêve olympique. Puis il s’arroge la responsabilité de décider des formes de compromis entre les partis politiques, là où la Constitution mais aussi la pratique historique et internationale auraient dû conduire à ce que ce soit de l’Assemblée nationale que vienne la solution.
Le groupe arrivé en tête, le NFP, devait assumer la responsabilité de trouver une voie de gouvernementalité. Or, Macron convoque les unes après les autres les différentes composantes, voire les personnalités. Il fait d’abord miroiter la possibilité de nommer Lucie Castets, puis fait semblant de penser à Bernard Cazeneuve, précisément au moment où se tiennent les journées du PS à La Rochelle, afin d’empoisonner le débat interne de ce parti.
Au final, après avoir sorti plusieurs noms de son chapeau, et près de deux mois après les élections, il nomme Michel Barnier, dont on apprend ces temps-ci qu’il aurait été contacté dès le mois de juin. Emmanuel Macron n’a jamais eu l’intention de nommer Cazeneuve, inutile de se déchirer pour savoir si la gauche aurait dû dire ceci et pas cela.
Le problème est ailleurs : dans la volonté d’Emmanuel Macron de gouverner à droite tout en entretenant le mythe du « dépassement ». Or, celui-ci a plus que du plomb dans l’aile : les deux blocs de gauche et de droite sont en voie de reconstitution.
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