Strasbourg (Bas-Rhin), correspondance particulière.
« Il y a peu d’espoir », confie un responsable syndical du Bas-Rhin, à la suite de la convocation du comité social et économique (CSE) par la direction de l’usine Novares, où la fermeture du site alsacien est le point central de l’ordre du jour du 25 septembre.
Dès le 11 septembre, un tract de l’intersyndicale CGT-FO-CFTC tirait la sonnette d’alarme après une réunion qui s’était tenu le 9. « Notre direction générale a mis la machine en route pour supprimer les 126 emplois du site d’Ostwald », expliquaient les organisations, qui disaient avoir reçu cette annonce comme un « coup de poignard », tout en condamnant une « gestion contestable de l’activité qui privilégie les profits pour une minorité et la détresse sociale pour la majorité ».
Toute la filière des sous-traitants automobiles en crise
Spécialisé dans la production de composants en plastique pour l’industrie automobile, Novares travaillait à 90 %, selon les syndicats, pour un seul client – le groupe automobile Stellantis résultant de la fusion de PSA et Fiat Chrysler –, groupe qui a préféré délocaliser une partie de sa production dans les pays de l’Est.
« Il se produit chez Novares exactement la même chose que chez Dumarey, le fabricant strasbourgeois de boîtes de vitesses, qui travaillait lui aussi essentiellement pour un seul client, l’équipementier automobile allemand ZF, lequel a choisi de délocaliser en Slovénie et en Serbie, faisant perdre son client principal à Dumarey », analyse Laurent Feisthauer, le secrétaire de l’union départementale CGT du Bas-Rhin.
« Ce n’est pas qu’on n’a plus besoin de boîtes de vitesses, même si en effet la demande baisse globalement, c’est que la production part là où le coût de la main-d’œuvre est moins cher. C’est la solution des industriels pour continuer à engranger des profits dans une situation de crise », ajoute-t-il.
Selon les syndicalistes allemands d’IG Metall, avec qui la CGT du Bas-Rhin est en contact, ce sont par ailleurs 14 000 emplois qui vont être également supprimés en Allemagne, dans le groupe ZF. Si on ajoute que Volkswagen, qui est le premier constructeur automobile européen et qui emploie 110 000 personnes en Allemagne, envisage également des fermetures d’usines, on comprend que toute la filière de la sous-traitance soit en crise, font remarquer les syndicalistes.
Une crise européenne
« C’est la première fois dans l’histoire qu’on parle de fermeture d’usine en Allemagne dans une entreprise phare », commente Laurent Feisthauer, qui indique qu’une analyse est en cours dans les syndicats à l’échelle européenne pour tenter de faire face à une crise majeure en train de frapper le secteur automobile en Europe.
« Quand la décision a été prise par l’Union européenne d’interdire les moteurs thermiques en 2035, on devait dérouler un grand plan de transformation dans l’industrie automobile, on attend toujours. Personne ne sait où on va, donc, tout le monde est frileux », constate le secrétaire de l’union départementale CGT, qui note par ailleurs que, pendant ce temps, les industriels chinois de l’automobile sont en train de se tailler la part du lion sur le marché mondial de l’automobile électrique.
Les syndicats de la métallurgie ont prévu de manifester au Salon de l’automobile, qui aura lieu du 14 au 20 octobre à Paris, pour rendre visibles les revendications des salariés dans une filière industrielle entrée aujourd’hui dans une crise majeure.
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