La gauche a affiché sa satisfaction, ce mardi au palais Bourbon. « C’est un événement inédit. Le bureau de l’Assemblée nationale a voté pour la recevabilité de la résolution de destitution du président de la République », s’est félicité Mathilde Panot, la présidente du groupe France insoumise (FI).
Un tel scrutin, remporté par les progressistes par douze voix contre dix, a été rendu possible par l’élection, en juillet, d’une majorité de gauche au sein du bureau de l’Assemblée nationale. « Yaël Braun-Pivet et les macronistes ont dû se familiariser avec la démocratie. Il y a eu vote », sourit l’élue du Val-de-Marne.
La situation est ironique pour le camp présidentiel qui a fonctionné à coup de 49.3 en méprisant le Parlement : « Yaël Braun-Pivet a fait durer les discussions en longueur en expliquant qu’on ne pouvait pas être une chambre d’enregistrement », rapporte Mathilde Panot. Les 72 députés insoumis étaient à l’initiative de la résolution, signée également par six élus écologistes et trois députés réunionnais du groupe Gauche démocrate et républicaine.
« Le bureau n’est plus une chambre d’enregistrement »
Le reste de la gauche a approuvé l’examen du texte. « Nous avons voté en droit » explique Iñaki Echaniz, membre socialiste du bureau. La décision avait été prise la veille en réunion de son groupe parlementaire. « Nous avons estimé que les conditions pour examiner une telle requête avaient été respectées », souligne Iñaki Echenaz.
La position est la même du côté des Écologistes et des communistes. « Le bureau n’est plus une chambre d’enregistrement. Il y a eu un vote pour faire reconnaître la légitimité de la résolution sur la destitution du président de la République », a salué Sabrina Sebaihi, député Écologiste.
« Les macronistes ont dû se familiariser avec la démocratie », Mathilde Panot, député FI
Représentant du groupe Gauche démocrate et républicaine (GDR), le communiste Stéphane Peu relate avoir mis mal à l’aise les représentants Les Républicains. Trois d’entre eux avaient signé une résolution de destitution à l’encontre de François Hollande en 2016… bloquée par le bureau. « Ne faites pas ce que d’autres vous ont fait à l’époque » leur a-t-il signifié pour laisser la procédure se dérouler. Au final, les représentants du parti de Laurent Wauquiez ont suivi le camp macroniste.
Avant de passer en plénière, la résolution devrait être examinée par la commission des Lois. « Nous nous en remettons à la sagesse du bureau » de cette commission « pour la mettre à l’ordre du jour », demande Léa Balage El Mariki, députée Écologiste. Le bureau, composé de neuf personnes, dont deux seulement du Nouveau Front populaire (NFP) pourrait freiner des quatre fers l’examen de la résolution.
Uni pour examiner la requête insoumise, alors que la session parlementaire n’est pas ouverte, le Nouveau Front populaire ne l’est pas sur la suite. Si les insoumis font de l’élection présidentielle un élément central de leur stratégie, ce n’est pas le cas des autres familles politiques de gauche.
En plénière, les députés communistes et socialistes ne devraient pas voter la destitution
Sans surprise, les députés FI qui ont pris cette initiative opteront pour la destitution. Les socialistes, eux, voteront contre en commission des Lois et en plénière. « Nous jugeons que la temporalité n’est pas à la destitution du président de la République », argumente Iñaki Echenaz qui préfère se concentrer sur une motion de censure contre le futur gouvernement de Michel Barnier. « J’en ai ras le bol de l’institution présidentielle. Cela nous empêche de nous rassembler et de nous unir », avait prévenu Boris Vallaud, président du groupe socialiste à la fête de l’Humanité.
« La résolution déporte le débat vers la présidentielle à un moment où le Parlement est devenu central », Stéphane Peu, député communiste
La tonalité est la même du côté du groupe GDR où siègent les communistes qui, dans sa majorité ne devraient pas voter le texte sur la destitution en plénière. « Il n’est pas illégitime que les représentants du peuple puissent examiner cette résolution », estime Stéphane Peu qui rappelle qu’une majorité des Français estiment que son vote n’a pas été respecté, avec la nomination de Michel Barnier au poste de premier ministre.
« Mais dans cette période, la résolution déporte le débat vers la présidentielle à un moment où le Parlement est devenu central », juge Stéphane Peu. Les Écologistes, eux, n’ont pas encore déterminé quelle attitude ils adopteront en commission des Lois et en plénière. Une chose est sûre : quand la résolution sera examinée, les oreilles de Jupiter siffleront.
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