Le patron du Parti radical de gauche (PRG), qui réunissait ses militants en séminaire de rentrée, dimanche, en Occitanie, ne ferme pas la porte à un dialogue avec Michel Barnier, défendant une ligne sans “compromissions” mais “non sectaire”.
Le président du Parti radical de gauche (PRG), Guillaume Lacroix, défend l’idée d’un “gouvernement de front républicain” et appelle la gauche à être “force de propositions”, faisant entendre sa différence, au moment où le nouveau Premier ministre, Michel Barnier, en quête d’une équipe élargie, se heurte à une fin de non-recevoir du Nouveau Front populaire (NFP).
Un message transmis, dimanche, aux militants et cadres de son parti en Occitanie, réunis en séminaire de rentrée à Nissan-lez-Enserune (Hérault), par Vincent Garel, le président régional et n°2 du PRG.
“Très inquiet”
“Nous sommes cette gauche qui s’est battue pour le front républicain pendant les élections législatives, celle qui a refusé la logique des blocs pour considérer qu’il fallait d’abord faire entendre la voix d’une République sociale, nous portons toujours celle ligne, explique Guillaume Lacroix. Mais je suis très inquiet de la tournure que prennent les événements.”
Michel Barnier a été nommé, nous le respectons pour ce qu’il est et ce qu’il a fait, mais il doit faire la démonstration qu’il a bien compris le message des électeurs
Le patron du PRG n’en fait pas mystère, il aurait préféré voir Bernard Cazeneuve s’installer à Matignon, il avait lui-même défendu cette option face à Emmanuel Macron. “Le président de la République, les jeux malsains de la gauche ont fait que cela n’a pas été possible”, déplore-t-il.
“Déni démocratique”
“Michel Barnier a été nommé, nous le respectons pour ce qu’il est et ce qu’il a fait, mais il doit faire la démonstration qu’il a bien compris le message des électeurs et qu’on n’assistera pas à un retour triomphant de la droite, alors même qu’elle a perdu les législatives, ou au maintien de nombreux ministres sortants alors que la Macronie a été par deux fois sanctionnée, auquel cas ce sera une forme de déni démocratique”, pointe Guillaume Lacroix. Avec, dans le même temps, un RN plus que jamais en position de force à l’Assemblée nationale.
Le PRG accepterait-il de participer au gouvernement Barnier ? “C’est une question à laquelle je ne peux pas répondre parce que je n’ai pas eu de contacts avec Matignon, je ne sais pas ce que le Premier ministre veut faire”, souligne Guillaume Lacroix.
“Si ce n’est pas une politique réellement attachée aux préoccupations des Français, avec des inflexions sociales, bougeant significativement sur les retraites, on n’a rien à faire là. Mais mon sujet n’est pas de tirer à vue sur le gouvernement par principe, la période ne le permet pas, nous avons besoin dans le pays d’unité et de répondre aux problématiques, cela devrait être la première des exigences”, explique le président du PRG.
“Je fais partie de cette gauche qui n’a pas peur des sujets qui fâchent”
“Je fais partie de cette gauche qui n’a pas peur des sujets qui fâchent, j’entends qu’il pourrait y avoir un ministère de l’immigration. S’il a en charge le développement et la coopération avec les pays d’origine, cela ne me choque pas. On voit ce qui se passe en Italie où la question migratoire a emmené l’extrême droite au pouvoir, il y a un moment où il faut regarder les sujets en face. Quand on est de gauche on peut les regarder de manière rationnelle, raisonnable et humaine”, poursuit Guillaume Lacroix.
Le PRG plaide, lui, pour une approche sans “compromissions”, mais “non sectaire”.
“Irresponsable dans ce moment historique”
“Le positionnement du NFP m’inspire de la tristesse”, ajoute Guillaume Lacroix. On n’a pas le droit quand on est de gauche de passer à côté des aspirations du peuple, en disant c’est nous et tout notre programme ou rien, je trouve cela irresponsable dans ce moment historique.”
Le PRG avait refusé, de son côté, de rejoindre le Nouveau Front populaire. “Nous sommes en désaccord profond avec LFI. Avec lui, vous êtes dans la soumission, ou vous êtes rejeté. Certains ont cru naïvement qu’on pouvait réitérer la Nupes en faisant autrement, ils se fourvoient, ce n’est pas possible avec Jean-Luc Mélenchon”, assure Guillaume Lacroix.