Un refus ferme et total des deux faces d’une même idéologie mortifère : Fabien Gay, le directeur de l’Humanité s’est inquiété, lors de l’inauguration de la Fête, jeudi 12 septembre au soir, de l’augmentation sensible des actes antisémites et racistes en France, et de ce qu’ils révèlent de l’état de notre société.
« Nous l’avons toutes et tous collectivement, progressistes, démocrates, sous-estimée. Il n’est pas seulement le fait de nervis d’extrême droite mais d’un climat nauséabond quotidien, alimenté par des paroles politiques décomplexées, du ministère de l’Immigration et de l’identité nationale sous Sarkozy, à la loi immigration de Darmanin validant ces thèses du RN », a constaté le sénateur de Seine-Saint-Denis.
Pour lui, il est obligatoire que les questions d’antisémitisme et de racisme deviennent « des sujets d’intervention majeurs pour la gauche de progrès social et écologique. Il faut dire non haut et fort. Nous ne pouvons pas laisser ce sujet polluer l’espace public et empoisonner les relations sociales. Il faut le faire refluer pour amorcer un rapport de force humaniste durable pour changer la société ».
« L’antisémitisme se réactive en temps de crise à chaque fois qu’il faut trouver un coupable »
Fabien Gay a d’abord décortiqué les ressorts de l’antisémitisme en France : « Cette haine, ces clichés haineux d’un peuple juif auquel on attribue tous les maux, des épidémies aux inégalités sociales, est inacceptable », a-t-il martelé. Pour lui, « la hausse des actes antisémites nous est intolérable et doit être fermement condamnée, comme cet acte ignoble avec l’attentat contre la synagogue à la Grande Motte avec un homme arborant un drapeau palestinien, un acte innommable qui, en plus d’être antisémite, nuit au combat palestinien ».
Le directeur de l’Humanité a constaté que « l’antisémitisme se réactive en temps de crise à chaque fois qu’il faut trouver un coupable. C’est aussi la supposée critique d’une finance, qui détourne une critique de classe, avec un contenu haineux et simplificateur. Les attentats meurtriers qui ont visé nos compatriotes juifs depuis une dizaine d’années nous rappellent à quel point il ne faut jamais transiger ». « Frantz Fanon disait ” Quand vous entendez dire du mal des juifs, tendez l’oreille, on parle de vous ”. S’attaquer aux Juifs, c’est s’attaquer à chacun de nous, et aux valeurs républicaines », a-t-il rappelé.
Pour lui, le double maléfique de l’antisémitisme, c’est le racisme, « un système de séparation et de hiérarchie, qui prend forme ici en France, sur le rejet des populations issues de l’immigration postcoloniale, même si je ne sous-estime pas qu’il touche aussi les Roms, les Tsiganes, les communautés asiatiques ».
Fabien Gay a rappelé avec force que toute forme de racisme repose « sur des préjugés qui animalisent, qui fantasment l’idée d’un Grand remplacement qui menacerait une homogénéité ethnique inventée, le racisme s’exprime dans les contrôles policiers humiliants, systémiques contre les jeunes Arabes et Noirs, mais aussi les discriminations à l’embauche ou au logement ». D’ailleurs, souligne-t-il, « les jeunes des banlieues, souvent issues de l’immigration, mais pourtant nés en France sont renvoyés et assignés par l’extrême droite à leurs origines et seraient des Français de papier, suspectés d’être hostiles à leur pays. »
« Ne tombons pas dans le piège d’opposer les luttes contre l’antisémitisme et contre le racisme »
Pire : « Chaque arabe ou noir, serait donc forcément musulman et donc potentiellement un terroriste. Voici les théories fumeuses et racistes répétées à longueur de journée sur C News ». Il constate que ce racisme, « qu’on l’appelle racisme antimusulman, anti-arabes, ou islamophobie, est en constante progression » et vise « des catégories bien souvent au bas de l’échelle sociale, parmi les plus précarisés ».
« Nous réaffirmons ici aussi, que s’attaquer à un musulman, c’est s’attaquer à chacun d’entre nous et à la République », a affirmé Fabien Gay. En insistant sur le fait que « la lutte contre l’antisémitisme et contre le racisme, comme contre l’homophobie et la transphobie, sont donc bel et bien parties prenantes du combat de classe ».
Le sénateur a relié ces deux formes d’exclusion : « Je le dis solennellement : ne tombons pas dans le piège d’opposer les luttes contre l’antisémitisme et contre le racisme. Les deux rejets sont complémentaires et créent une matrice commune de haine, d’affrontement. Les théories du Grand remplacement, d’un prétendu complot juif utilisent les mêmes ressorts ».
Pour le sénateur de la Seine-Saint-Denis, la seule façon de combattre ces deux fléaux est de « rester unis ». « L’émergence du Nouveau Front Populaire a permis à des milliers de gens à se réintéresser à la politique, à militer et à voter. Notre unité, le respect de notre diversité et de notre pluralité, qui n’est pas une faiblesse, mais une force pour toucher un public large est une nécessité pour combattre la peste brune », a-t-il insisté. Pour le directeur de l’Humanité, « unité, bataille idéologique et culturelle sont nécessaires pour regagner les esprits et les votes, et la prochaine fois, nous serons majoritaires dans le pays et à l’Assemblée Nationale ».
Face à l’extrême droite, ne rien lâcher !
C’est pied à pied, argument contre argument qu’il faut combattre l’extrême droite. C’est ce que nous tentons de faire chaque jour dans l’Humanité.
Face aux attaques incessantes des racistes et des porteurs de haine : soutenez-nous ! Ensemble, faisons porter une autre voix dans ce débat public toujours plus nauséabond.Je veux en savoir plus.