La France est, et demeure, un mauvais élève en termes d’investissement dans son système éducatif. C’est l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) qui le démontre, dans la dernière livraison de son enquête statistique annuelle, « Regards sur l’éducation 2024 », dévoilée le mardi 10 septembre.
Les dépenses françaises d’éducation, du primaire au supérieur, sont en effet inférieures à la moyenne des pays de l’OCDE. Notre pays se retrouve au niveau du Portugal ou de l’Estonie, loin des nations comparables que sont l’Allemagne, le Royaume-Uni, l’Italie, la Suède, les États-Unis ou encore le Danemark.
Exemple parlant : alors que le gouvernement vante depuis Blanquer sa « priorité au primaire », entre 2015 et 2021, la dépense dans ce secteur a crû de seulement 1,8 %, contre 2,4 % en moyenne dans les pays de l’OCDE. Dans le secondaire, c’est pire : sur la même période, la France a stagné à 0,1 %, contre 1,8 % dans les pays de l’OCDE.
Un sous-investissement qui profite à la reproduction sociale
L’étude fait aussi litière des clichés sur ces professeurs qui travaillent peu et sont bien payés : entre 2015 et 2023, tandis qu’en moyenne dans l’OCDE le salaire des enseignants progressait de 4 % (inflation déduite), en France la profession a dû se contenter de… 1 %. Et pour ce prix, ils travaillent plus que les autres : 720 heures annuelles devant élèves, contre 706 heures en moyenne dans l’OCDE.
« Regards sur l’éducation 2024 » confirme d’autres tendances déjà connues de notre système. Première d’entre elles : la reproduction sociale. « Le niveau d’études des parents a un impact important » sur celui de leurs enfants, observe le rapport. Bel euphémisme : alors que 80 % des personnes dont au moins l’un des parents est diplômé du supérieur le sont devenues à leur tour, ce chiffre tombe à… 25 % quand aucun des parents n’a de diplôme supérieur.
Et l’injustice démarre tôt. Alors que, selon les experts « l’éducation de la petite enfance permet de réduire les écarts de développement », seulement 33 % des familles françaises les moins favorisées ont accès à l’accueil des enfants entre 0 et 2 ans, contre 85 % des familles favorisées. C’est la défaillance de la prise en charge de la petite enfance qui est ici soulignée.
Ces inégalités sont d’autant plus pesantes socialement que notre pays reste marqué par la prépondérance du diplôme dans l’accès à l’emploi. Ainsi, à peine plus d’un non-bachelier sur deux (54 %) est en emploi, alors que ce taux atteint 61 % dans l’OCDE. Autre mauvais résultat : le taux des 18-24 ans qui ne sont ni en emploi, ni en études a certes diminué entre 2016 et 2023, passant de 19,8 % à 16,1 %, mais il demeure très supérieur aux 13,8 % de la moyenne de l’OCDE.
Un ensemble de chiffres qui interroge l’orientation du « tout-apprentissage », notamment avant le bac, puisqu’on sait que, derrière les bons taux d’emploi des jeunes sortant d’apprentissage, se cache une autre réalité : celle des nombreuses ruptures de contrat (entre 30 et 50 % dans plusieurs filières), conduisant encore trop de jeunes à sortir du système scolaire sans diplôme. Une situation que le « choc des savoirs », avec son projet de classe « prépa seconde » pour les élèves de 3e ayant échoué au brevet, ne risque pas d’améliorer. S’il voit le jour…
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