« Un mépris du vote des électeurs. » C’est en ces termes qu’a réagi la secrétaire générale de la CGT Sophie Binet, auprès de l’AFP, jeudi 5 septembre, après la nomination à Matignon du Républicain Michel Barnier. Elle « s’inscrit à l’inverse du résultat des élections législatives », marquées par une « mobilisation historique « pour » empêcher le RN d’entrer à Matignon », a regretté la responsable syndicale au micro de France Inter le lendemain. Elle dénonce le choix d’« une personne issue du parti arrivé en dernière position, dont la survie politique dépendra du RN puisque ce sont eux qui vont faire basculer, dans un sens ou dans l’autre, une motion de censure ».
Inquiète par « les précédentes prises de position » de l’ancien ministre de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, Sophie Binet souligne qu’il s’était notamment prononcé en faveur de la retraite à 65 ans lors de sa campagne pour la primaire de la droite en 2021. Pour elle, de nombreuses zones d’ombre subsistent. « Est-ce que Michel Barnier est prêt à rompre avec la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron et avec sa méthode, verticale et autoritaire ? », s’est-elle interrogée, estimant qu’il fallait « une rupture avec la politique économique et sociale d’Emmanuel Macron », « sanctionnée » par les électeurs lors des législatives le 7 juillet dernier.
Des syndicats en « colère »
Ces craintes sont partagées par Force Ouvrière (FO), dont le mot d’ordre est la « colère ». Dans un communiqué, l’organisation se dit révoltée par cette nomination « notamment face à la situation des urgences et de l’hôpital public, au manque de moyens et d’effectifs dans les écoles ». Dans ce contexte, le syndicat, a « réaffirmé ses revendications, entre autres, de défense et renforcement des services publics partout sur le territoire, d’abrogation de la réforme des retraites et d’augmentation générale des salaires, traitements, pensions et minima sociaux ». Solidaires abonde en ce sens, affirmant que la nomination de Michel Barnier « ne répond pas aux urgences sociales et écologiques ».
« Blocage politique »
De son côté, la CFDT presse le pas. Dans un communiqué, l’organisation syndicale soutient que « la mise en place du gouvernement ne doit désormais plus tarder car la tâche qui l’attend est grande ». « La crise démocratique que nous traversons conduira, malgré cette nomination, à une forme de blocage politique plus ou moins sévère », ajoute le syndicat, avant de préciser que « dans ce contexte, les partenaires sociaux auront la responsabilité de bâtir des compromis alliant progrès social, transformation écologique et solidité économique », a poursuivi la centrale de Belleville.
À la CFE-CGC, François Hommeril reste également sur l’expectative : « On verra sur pièces. » Moins méfiant, Cyril Chabanier élu à la CFTC a noté que Michel Barnier « sembl (ait) être quelqu’un qui est dans le dialogue et le compromis ». Enfin, Laurent Escure de Unsa a, lui, observé sur X (ex-Twitter) que « tout ce qui serait dans une forme de continuité, tolérée par le RN, ne fera qu’accroître la crise ».
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