Xavier Bertrand à Matignon ? Alors que le président LR des Hauts-de-France se positionne pour succéder à Gabriel Attal, les usagers et cheminots s’apprêtent à subir les conséquences de la privatisation des TER décidées par sa majorité de droite au Conseil régional. Le 15 décembre prochain, 416 cheminots de l’étoile d’Amiens seront transférés dans une filiale de droit privée de la SA SNCF Voyageurs.
« Une soixantaine de suppressions de postes ont d’ores et déjà été actées, notamment chez les conducteurs de train. En cassant nos conditions de travail, la direction table sur des déroulements de journée bien moins protecteur pour les usagers. Des cheminots pourront avoir une amplitude de travail de 10 heures, hachée par des coupures imposées », tance Amélie Nobrega, secrétaire secteur CGT Paris Nord.
Avec les responsables des secteurs CGT Nord-Pas-de-Calais et Force Ouvrière, ces syndicalistes vont lancer une campagne de sensibilisation à destination des usagers. Des déploiements sont prévus en Ile-de-France, le 5 septembre, et dans les Hauts-de-France, à la fin septembre. Une conférence de presse s’est tenue à Paris, près de la Gare du Nord, ce 3 septembre. Le devenir de 1 240 trains journaliers et 199 000 voyageurs est suspendu à la libéralisation de ces TER. Aujourd’hui unifié, le réseau des Hauts-de-France va être découpé en quatre lots soumis aux appels d’offres d’ici 2029. Une casse rendue possible par la loi de 2018 préparant l’ouverture à la concurrence du réseau voyageurs.
Une flexi-polyvalence imposée
La SA SNCF voyageurs a pourtant remporté le premier lot de l’étoile d’Amiens. Mais l’exploitation de ces lignes se fera au travers d’une filiale privée. « Les motivations sont purement financières. Tous les accords existants sont menacés par le transfert des cheminots vers ces filiales privées. Sur l’étoile d’Amiens, les agents seront polyvalents. Par exemple, des conducteurs pourront effectuer des tâches d’aiguillage ou de manœuvre de train en gare », déplore Loïc Ferté (FO).
A terme, 3500 cheminots opérants sur les lignes TER des Hauts-de-France pourront être transférés. Amélie Nobrega y voit une crainte pour la sécurité des circulations : « Au travers la flexi-polyvalence imposée, c’est la formation professionnelle qui est visée. Le cloisonnement morbide de la production et la remise en cause de l’ensemble des droits des cheminots va à l’encontre de la sécurité ferroviaire. » Malgré la filialisation, la cégétiste apporte une piste pour contrer cette précarisation accrue des cheminots : la prestation. « SNCF Voyageurs doit contractualiser avec ses filiales en prêtant des agents pour une durée déterminée mais qui garderont leurs droits. »
Une première étape, selon Xavier Wattebled, pour remettre en cause le principe même de concurrence dans les TER. « Aujourd’hui, avec la convention TER, la SNCF gère l’ensemble des trains et des gares contre 500 millions d’euros. Mais quel sera le coût final quand quatre entreprises opèreront sur ces mêmes lignes ? Comment garantir les correspondances entre des lignes de deux lots différents ? Quelle information voyageurs en gare ? », soulève le responsable CGT des cheminots Nord-Pas-de-Calais. Un mouvement social est à prévoir d’ici la fin de l’année 2024.
Aux côtés de celles et ceux qui luttent !
L’urgence sociale, c’est chaque jour la priorité de l’Humanité.
En exposant la violence patronale.
En montrant ce que vivent celles et ceux qui travaillent et ceux qui aspirent à le faire.
En donnant des clés de compréhension et des outils aux salarié.es pour se défendre contre les politiques ultralibérales qui dégradent leur qualité de vie.
Vous connaissez d’autres médias qui font ça ? Soutenez-nous !Je veux en savoir plus.